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La culture dans le Programme 2030

Les Petits États insulaires en développement et les Examens nationaux volontaires

De par la taille relativement modeste de leurs administrations publiques, les Petits États insulaires en développement présentent des exemples de modèles politiques qui ancrent fermement la culture dans le cadre plus large de leur stratégie de développement, avec des synergies entre certains domaines d’action. Plusieurs d’entre eux ont présenté des Examens nationaux volontaires aux Nations unies, qui traduisent les efforts et le suivi des progrès effectués en vue de la réalisation du Programme 2030 pour le développement durable. Certains déclarent faire de la culture une ressource de base dans leur stratégie nationale de développement, quand d’autres font mention d’initiatives culturelles dans les cadres de l’éducation, l’inclusion sociale, la protection du patrimoine et le développement économique.

Consolidation de la culture dans les stratégies de développement

La Stratégie de développement national des îles Salomon repose sur un « leadership éthique, responsable, respecté et fiable qui protège et met en valeur la culture ainsi que le bien-être social, économique et spirituel des peuples. » À Sainte-Lucie, la Politique de développement national est orientée vers les secteurs qui portent une vraie croissance économique et un développement à l’export efficace, en particulier le tourisme, la culture et le patrimoine, ou encore les services non financiers. Témoignant de son engagement « à coordonner, étendre et améliorer ses activités de protection de la culture », Le Guyana indique que le budget alloué à la culture est passé de 233 millions de dollars guyanais en 2015 à 350 millions en 2019. Un des 16 objectifs nationaux des Bahamas indique que la « culture sera considérée à la fois comme le moteur et le véhicule du développement durable » dans des domaines tels que l’inclusion sociale, la sauvegarde du patrimoine et le développement de l’économie créative. Quant à la vision à long terme d'une « meilleure qualité de vie pour tous » de Samoa, dans le cadre du développement durable, elle est portée par la culture et les traditions de la fa’a Samoa.

Inclusion sociale grâce au développement des savoir-faire culturels

Les ENV de Trinité-et-Tobago mentionnent des initiatives en faveur de l’émancipation des femmes, d’abord par la culture, notamment au moyen d’un Programme de formation artisanale, mais aussi par un travail d’incitation à la libération de la parole sur les violences domestiques et de sensibilisation au genre dans la culture populaire. Samoa, pour sa part, promeut le programme Maisons saines, villages sains (Healthy Homes Healthy Villages program en anglais), qui offre des formations destinées aux femmes, susceptibles de leur garantir des moyens de subsistance. Ces apprentissages sont destinés à améliorer leurs techniques de couture, de sérigraphie, ainsi que de tissage dans les arts et métiers traditionnels. Les ENV de Samoa évoquent également le rôle des artistes, comme celui des autres acteurs de la société civile et de l’équipe locale des Nations unies pour mettre fin aux discriminations envers les femmes. Pour Antigua-et-Barbuda, la jeunesse fait aussi partie des groupes ciblés grâce à ses efforts pour améliorer son accès à l’emploi. Sa Politique nationale pour la jeunesse, que le pays lie à l’ODD 8 (la production responsable), comporte en particulier des formations dans les domaines de l’agriculture, des technologies de l’information et de la communication, et des industries créatives et culturelles. Avec en ligne de mire l’ODD 1 (réduction de la pauvreté), la République dominicaine, quant à elle, met en avant ses « initiatives pour assurer davantage d’opportunités pour les jeunes, par le biais de créations d’emplois, d’un meilleur accès à l’éducation, de programmes de santé spécifiques et d’aide sociale, et de la promotion du sport et de la culture. » Enfin, les Seychelles annoncent un projet pour développer les techniques des détenus en matière, entre autres, de menuiserie, d’agriculture durable ou d’art et de culture.

Développement économique par le biais du tourisme culturel et du secteur créatif

Dans son ENV de 2020, la Barbade présente sa stratégie pour promouvoir un tourisme durable susceptible de créer des emplois et de soutenir la culture locale, qu’elle relie à l’ODD 8. Par exemple, le gouvernement y soutient une initiative par laquelle les promoteurs en hôtellerie doivent réserver un pourcentage des coûts de construction pour aider matériellement la communauté locale – par la reconstruction d’écoles locales ou de terrains de sport –, et contribuer aux infrastructures et à la culture artistique locales. Pour les Seychelles, le tourisme est un élément important pour atteindre les objectifs du Programme 2030, et la Seychelles Planning Authority (SPA) travaille activement à préserver le patrimoine culturel et naturel au sein des communautés, en particulier grâce à un ensemble de recommandations urbaines. L’ENV de la Jamaïque établit que le développement de l’économie doit passer par une meilleure visibilité du tourisme basé sur le patrimoine. Cela induit un soutien sans relâche au développement et à la préservation des principaux sites patrimoniaux tels que Port Royal, Seville, Spanish Town et Falmouth. Le but est également d’inscrire L’Autorité de l’artisanat, les Villages de l’artisanat (Craft Authority, Artisan Villages, en anglais) et la gastronomie dans l’Initiative pour le patrimoine touristique. La Jamaïque signale que les industries culturelle et créative représentent 4,8 % de son PIB et 3 % des emplois. Dans cette perspective, capitaliser sur sa marque nationale Brand Jamaica bien installée, et renforcer les droits liés à la propriété intellectuelle sont devenus des stratégies transversales en faveur de l’export. Cependant, l’obtention de données ventilées concernant les exportations des industries créatives reste à ce jour un défi.

Renforcement de la sauvegarde et de la protection du patrimoine par le développement institutionnel et l'éducation.

De nombreux autres pays présentent la protection et la sauvegarde du patrimoine culturel comme hautement prioritaires. Parmi ces Etats, la République des Palaos fait valoir le rôle joué par le Musée national Belau (un organisme semi-gouvernemental fondé en 1955) pour sauvegarder le patrimoine culturel matériel comme immatériel grâce à sa collection permanente d’objets artisanaux, ses collections temporaires et son programme de recherche. De même, la Seychelles Islands Foundation (SIF), qui est une association à but non lucratif fondée en 1979, gère et protège les deux sites classés au patrimoine mondial de l’UNESCO que sont la Réserve naturelle de la vallée de Mai et l’atoll d’Aldabra. Les États fédérés de Micronésie ont identifié cinq objectifs prioritaires liés à l’ODD 11 (les villes), dont la protection et la sauvegarde du patrimoine mondial culturel et naturel. Le Mois du patrimoine autochtone du Guyana est l’occasion de partager les traditions et d’accueillir des performances culturelles. De son côté, pour sauvegarder son patrimoine, le Ministère de l’Éducation de la République des Palaos promeut l’enseignement de la langue et de la culture paluanes à l’école tandis que plusieurs organismes de conservation gouvernementaux comme non gouvernementaux sont dévolus au patrimoine culturel en raison des liens étroits entre les ressources naturelles et culturelles du pays. Vanuatu enfin, met en relief les efforts engagés pour intégrer la culture et le patrimoine dans son système d’éducation nationale, en faisant référence aux 436 établissements d’enseignement primaire et 93 secondaires dont les programmes comprennent des modules sur la culture et le patrimoine, ainsi que des activités extra-scolaires telles que des soirées culturelles et des ateliers d’art et d’artisanat.

Conférence mondiale de l'UNESCO sur les politiques culturelles et le développement durable - MONDIACULT 2022

La Conférence mondiale UNESCO-MONDIACULT 2022 sera accueillie du 28 au 30 septembre 2022 par le gouvernement du Mexique afin d’engager la communauté internationale dans une réflexion sur les politiques culturelles, notamment dans l’optique de relever les défis mondiaux et de définir les priorités pour la construction d’un secteur culturel plus solide et plus résilient, pleinement ancré dans les axes du développement durable.

 

Des ministres et des hauts fonctionnaires du monde entier, des régions Europe et Amérique du Nord, Asie-Pacifique, Afrique, Amérique latine et Caraïbes et enfin États arabes, ainsi que des Organisations intergouvernementales de premier plan et ONG de ces mêmes régions, ont participé à des réunions en ligne de décembre 2021 à février 2022. L’objectif était d’échanger autour des tendances, des difficultés et des priorités clés que met en jeu l’élaboration de politiques publiques en matière culturelle. Parmi elles figurent la numérisation des ressources ; la sauvegarde et la mise en valeur du patrimoine aussi bien naturel que culturel, matériel comme immatériel ; le développement et/ou la consolidation des cadres légaux visant à sauvegarder les biens et les droits culturels ; la consolidation des données et des statistiques sur la contribution de la culture au développement ; la promotion accrue de la mobilité des artistes ; la mise en places d’instruments permettant de soutenir les industries culturelles et créatives ; le resserrement et le développement des liens entre culture et éducation ; la réduction de la fracture numérique et une coopération plus étroite au niveau international en faveur de la restitution des biens culturels.

 

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