MIRO, Joan (1893-1983) avec Jose Llorens ARTIGAS

LA LUNE, 1958
Mural en céramique émaillée, composé de plaques de céramiques
220 x 750 cm
Date d'entrée à l'UNESCO
Pays d'origine Espagne
Acquisition faite par l'UNESCO pour la décoration artistique de son Siège à Paris, achevé en 1958.
© Photo: UNESCO
UNESCO droits réservés et J. Gardy Artigas

En 1957, le « Comité pour l’Architecture et les œuvres d’art » de l’UNESCO, avec le Comité de conseillers artistiques, sélectionne onze artistes pour entreprendre la décoration artistique de son Siège permanent à Paris, inauguré en 1958. Parmi ces artistes, le peintre et sculpteur espagnol, Joan Miró, est choisi pour l’exécution d’un mur en céramique, projet pour lequel il reçoit le prix Guggenheim cette même année. Celle-ci se comporte de deux murs placés perpendiculairement, à l’origine à l’extérieur des bâtiments et qui se nomment « Le mur du Soleil » et « Le mur de la Lune ». Pour des raisons de conservation, les œuvres ont été par la suite recouvertes d’un abri.

La conception des Murs du Soleil et de la Lune correspond au moment culminant de l’intérêt du peintre pour la céramique ainsi que pour la peinture abstraite. Miró a réalisé ses premières céramiques en 1944, en collaboration avec le céramiste Josep Llorens Artigas. Leur recherche principale concernait le contraste entre la rigidité de la matière utilisée et le dessin naïf, tout en courbes. Le premier souci de Miró a été de pouvoir intégrer son œuvre dans l’ensemble architectural de l’UNESCO. Son œuvre polychromique devait répondre à la froideur et à la rigidité des bâtiments.

Avant d’être conçu, le projet a été reporté sur une maquette grandeur nature, travaillée au fusain et à la gouache, à Gallifa (Espagne). Les plaques du mur ont ensuite été assemblées à Paris. Pour cela, l’artiste a tenu à assister au chantier sur lequel il a pratiquement vécu pendant la construction des bâtiments de l’UNESCO. Le tracé des dessins devait se faire ensuite d’un seul trait pour certaines figures, afin qu’elles gardent tout leur dynamisme, la composante la plus importante dans l’élaboration des formes et des couleurs restant l’imprévu. On peut remarquer une opposition entre le graphisme noir dynamique et les formes colorées, posées en aplat. Enfin, l’œuvre en elle-même se répond puisque le soleil, qui peut illustrer la vie ou le jour, répond à la lune, symbole de la nuit ou de la mort.

Les tonalités employées dans « Le mur de la Lune» sont beaucoup plus sombres que dans le « Mur du Soleil ». Le noir est omniprésent; seule ressort la lune, peinte dans un aplat de bleu nuit. L’attention du spectateur est amenée vers l’astre lunaire tout d’abord par ce bleu que l’on retrouve également à gauche du tableau, mais aussi grâce au motif de l'oiseau. L’oiseau est une des représentations les plus utilisées par Miró ; il est ici un intermédiaire entre la terre et le ciel. Peut-être l’envolée de l’oiseau représente-t-elle l’apogée de la vie et la lune sa finalité ?

Biographie de l'artiste

Joan Miró Ferra est né à Barcelone en 1893 d’un père horloger et d’une mère ébéniste. A ses débuts, il participe aux mouvements fauviste et cubiste. Il se dirige néanmoins vers le mouvement détailliste en 1918 – année de sa première exposition personnelle à Barcelone. L’année 1925 est marquée par sa rencontre avec le mouvement surréaliste, et sa participation à l’exposition «La peinture surréaliste» à Paris, dans la galerie Pierre. Miró utilise alors des matériaux inhabituels en réalisant plusieurs expositions de collages ou de sculptures-objet. Après l’éclatement de la guerre d’Espagne et l’invasion allemande, Miró commence en 1940 la série des Constellations, principal moyen d’évasion pour le peintre face aux horreurs de la seconde guerre mondiale. Il crée ainsi un monde du merveilleux, coloré et naïf, dont les principaux éléments sont les astres, la lune et le soleil.

Après la guerre, il manifeste un certain humour notamment dans les céramiques auxquelles collabore Artigas, ainsi que dans ses sculptures, souvent monumentales. Il participe à plusieurs commandes murales, dont une à l’Université de Harvard (1958) aux Etats-Unis, au Siège parisien de l’UNESCO (1958) ou encore une sculpture sous-marine en céramique à Juan-les-Pins (1966), en France.

La fondation Miró est créée officiellement à Barcelone en 1976, sept ans avant la mort de l’artiste en 1983 à Barcelone. Un Musée lui est dédié dix ans plus tard.