ANDO, Tadao (1941-)

ESPACE DE MEDITATION
Structure cylindrique de 33 m² en béton brut de décoffrage ; sol et bassin en granit irradié le 6 août 1945 lors de l’explosion d’Hiroshima et décontaminée pour utilisation ici. Site env. 350 m²; surface au sol env. 33m²; hauteur env.6,5m.<br><br>
Date d'entrée à l'UNESCO
Pays d'origine Japon
Commande faite par l’UNESCO pour célébrer le 50ème anniversaire de l’adoption de l’Acte constitutif de l’Organisation, financée grâce aux nombreux donateurs japonais. L’œuvre fut inaugurée le 25 octobre à l’ouverture de la 28ème session de la Conférence générale de l’UNESCO.
© "Espace de Méditation" de T. Ando
Tadao Ando. Droits réservés

Cette architecture a été commandée pour symboliser la paix et commémorer le 50ème anniversaire de l’adoption de l’acte constitutif de l’UNESCO. "L’Espace de méditation" de Tadao Ando a été choisi parmi les projets de nombreux architectes du monde entier. Architecte autodidacte, Tadao Ando est le lauréat de nombreux prix, dont notamment le Prix Pritzker d’architecture 1995, ainsi que médaillé d’or de l’Académie d’architecture française.

Au delà de la simplicité et de l’épuration qui caractérise son architecture , Tadao Ando fait une oeuvre symbolique en utilisant du granit irradié d’Hiroshima. Son œuvre invite le visiteur à se recueillir sur l’horreur d’Hiroshima et propose à la personne de méditer sur le pouvoir destructeur de l’être humain.

Le motif de la solitude a une grande importance dans l’œuvre de Tadao Ando en résonance avec son histoire personnelle. Dans toutes les villas qu’il a construites, il a eu le souci de dégager l’espace intime de la maison de la rue afin de permettre la sérénité et la tranquillité de ses habitants. L’Espace de méditation, surplombé par le bâtiment immense de l’UNESCO, permet à ceux qui travaillent dans cette Organisation de rentrer dans un espace à échelle humaine. Pour y entrer, le visiteur doit en quelque sorte suivre un parcours initiatique qui le mène d’une rampe à un chemin pavé le menant vers l’une des entrées. L’espace de méditation peut être traversé par ce chemin sans aucune porte à pousser, mais le seuil de la lumière à la pénombre marque un passage symbolique dans l’architecture de Ando. A l’intérieur, le visiteur peut s’arrêter et s’asseoir sur une des chaises en fonte dont le dossier est extrêmement haut. Une fois assis dans l’une de ces chaises, la rigidité de son dossier oblige à se tenir très droit, dans une pose solennelle et cadrée. Cela invite au recentrement sur soi ; le regard se porte alors vers le haut du cylindre. Le plafond est composé d’une dalle circulaire qui ne fait pas toute la totalité du cercle, laissant entrer un flux circulaire de lumière. On retrouve ainsi le subtil usage de la lumière chère à Tadao Ando en lien avec la spiritualité propice à un lieu de méditation.

Tadao Ando a expliqué la conception du petit espace en ces termes : « Il faut savoir passer outre les différences de race, de religion ou de nationalité pour respecter l’idée et la façon d’être des individus appartenant à des cultures et des sociétés différentes. Avec cet espace exigu, j’ai essayé d’exprimer la cohabitation pacifique sur terre. »

A travers cette construction, Ando exprime son inquiétude envers les sciences comme Hiroshima l’a exemplifie : « Peut-être sera-t-il possible de réaliser ce rêve ultime : réunir l'humanité entière en une seule communauté. Cependant, avant cela, la science n'aura-t-elle pas définitivement échappé au contrôle de l'homme ? »

Ce bâtiment est la première réalisation architecturale de Tadao Ando en France.

Biographie de l'architecte

Tadao Ando est né à Osaka le 13 septembre 1941. Dès sa naissance, il a été élevé par sa grand-mère maternelle. À 14 ans, il réalise sa première construction ; avec l’aide de charpentiers, il agrandit la maison de sa grand-mère, dans un quartier populaire d’Osaka. D’abord, il dessine un étage supérieur et il participe ensuite à la construction. À 17 ans, il se met à la boxe pour apprendre à se défendre, devient professionnel et dispute une quinzaine de combats. Cela lui donne les moyens de voyager à l'étranger, mais il renonce assez vite à ce sport.

Tadao Ando décide d'apprendre l'architecture, mais en autodidacte, ce qui est extrêmement rare au Japon. Il achète des livres chez les bouquinistes et est fasciné par un ouvrage consacré à Le Corbusier. De 1963 à 1968, il voyage et décide d’aller rencontrer Le Corbusier, arrivant à Paris malheureusement peu après sa mort. Néanmoins, il visite le Pavillon suisse, la Cité universitaire, la Villa Savoye, à Poissy, à moitié en ruine. A Marseille, il visite l’Unité d’habitation, et l’abbaye de Sénanque. Le voyage solitaire se poursuit à Rome, à Athènes, en Afrique, en Inde. Il n'étudie pas l'architecture, il s'y plonge et tente de la percevoir physiquement. Il est également influencé par des personnalités comme Louis I. Kahn, Frank Lloyd Wright et par les écrits d’historiens et critiques comme Sigfried Giedion et Kenneth Frampton.

En 1969, il crée sa propre agence à Osaka et commence par construire de modestes maisons. En 1976, il se fait connaître avec sa "Row House", minuscule, construite sur un terrain de 58 m². C'est une sorte de cloître en miniature tourné vers une cour intérieure, ouvert vers le ciel et isolé de la fureur de la ville par un béton vibré, travaillé avec soin. En 1987, il est invité comme enseignant à l'Université de Yale aux USA et en 1997, c'est la consécration au Japon, puisque, dépourvu de diplôme, il est nommé professeur titulaire à l'Université de Tokyo.

Profondément marqué par le tremblement de terre de Kobé, survenu en janvier 1995, et qui avait touché en particulier le quartier de ses premières réalisations, il offre tout son prix Pritzker aux orphelins de la ville. Il collecte des fonds pour améliorer la qualité de la reconstruction, car les morts ont surtout été relevés dans les habitations à bon marché de la ville, construites au mépris des règles de l'art.