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#CoronavirusFacts : renforcer l’accès aux informations fiables dans un contexte de tensions et de pandémie en Haïti

La pandémie et la « désinfodémie » actuelles sur le COVID-19 ont mis en évidence le besoin d’informations fiables produites par des journalistes professionnels.
En Haïti, les journalistes, les vérificateurs de faits et les ONG spécialisées ont rencontré de plus en plus de difficultés pour faire des reportages efficaces et sûrs et cherchent donc de l'aide pour remplir leur rôle pendant la crise sanitaire. Dans ce contexte, l'UNESCO, avec le soutien de l'Union européenne, a mis en œuvre l'année dernière le projet #CoronavirusFacts afin d'aider les professionnels des médias à rendre compte de la pandémie et à démystifier les informations erronées ou non fondées sur le COVID-19.
Dans cet écosystème frénétique d’informations et malgré toutes sortes de fake news, ce projet nous a permis de distinguer les faits des rumeurs.
Meth-Saina Alexandre, Radio Sans Soucis

Le Bureau de l'UNESCO à Port-au-Prince a lancé la mise en œuvre du projet avec des partenaires locaux et des organisations de la société civile (OSC) en mai 2020. Le projet a permis une meilleure promotion de la version en créole haïtien du code de déontologie des médias, accepté par l’ensemble des principales associations de médias et des journalistes du pays. Ses principes directeurs étant à la base de la lutte contre la désinformation, le code est utilisé dans les discussions et les activités du projet, comme dans les formations destinées aux journalistes à travers le pays. La série de formations au journalisme de données a débuté dans les régions d’Ouanaminthe (Nord-Est du pays) pour 18 participants, du Cap-Haïtien (Nord) pour 22 journalistes et de Mirebalais (Centre) pour 19 participants en décembre 2020. Les journalistes participants ont réalisé leurs propres vidéos des formations, accessibles ici et ici.

En mars 2021, un atelier de deux jours couvrant le journalisme de données, le traitement éthique et professionnel de l'information, l'identification des rumeurs et la manière de traiter et de démystifier la désinformation, a été organisé à Jérémie (Grand'Anse) pour 22 participants, aux Cayes (Sud du pays) pour 24 participants, à Miragôane (Nippes) pour 16 participants et à Jacmel (Sud-Est) pour 20 participants. Grâce à des exercices pratiques, les participants ont acquis des connaissances sur les systèmes de gestion de contenu web et la gestion des comptes de réseaux sociaux.

Les problèmes d'électricité et de couverture Internet 4G en Haïti ont rendu important l'organisation de séminaires en présentiel, ce qui a contribué à la nécessité de s'assurer que cette série de formations puisse atteindre les journalistes travaillant sur le terrain, notamment dans les zones rurales et dans toutes les régions du pays, afin de les aider à renforcer leurs compétences pour proposer des informations fiables au public. Cela a également permis d'adapter les discussions au contexte et à l'expérience locale. Au total, plus d'une centaine de journalistes répartis dans sept des dix départements du pays ont bénéficié de formations sur la manière de démystifier la désinformation et les fausses informations et de créer des médias en ligne qui partagent des informations fiables, contribuant ainsi à un dialogue plus pacifique dans la société haïtienne.

Cette formation financée par l’Union européenne est une véritable opportunité offerte par l'UNESCO en Haïti pour renforcer mes capacités, notamment en maîtrisant les astuces de gestion des réseaux sociaux, de vérification des faits, de cartographie pour une diffusion plus rapide de l'information.
Jaudelet Junior Saint-Vil, Correspondant de Voice of America

Suite à ces sessions et pour garantir une pérennité, des groupes de travail régionaux ont été mis en place, au sein desquels des informations pertinentes sur le COVID-19, de bonnes pratiques, les principes et les valeurs clés du traitement de l'information sont partagés via WhatsApp et d'autres plateformes de réseaux sociaux. Ces réseaux professionnels visent à renforcer les relations entre les journalistes qui participent au projet et qui contribuent plus généralement au renforcement de la profession journalistique en Haïti.

Il est beaucoup plus facile de nos jours pour les journalistes de faire un reportage car nous avons beaucoup plus de moyens de communication. Ces outils à notre portée, il fallait apprendre à les utiliser.
Fritz Ronel Thermessan, Journaliste de Cap-Haitien

La situation sécuritaire en Haïti a continué à se dégrader ces derniers mois. La violence des gangs à Port-au-Prince et dans plusieurs villes du pays a contraint des milliers de personnes à abandonner leurs foyers, malgré la pandémie de coronavirus qui continue de faire de nombreuses victimes parmi la population. Ces sessions de formation interviennent à un moment critique où la population a besoin d'informations fiables provenant de sources crédibles.

Parallèlement à ces formations, le projet soutient et permet de concrétiser des campagnes nationales contre la désinformation. Un accent particulier est mis sur l'amélioration de l'éducation aux médias et à l'information pour la population en général, mais également sur la promotion du code de déontologie pour les partenaires des médias. Grâce au soutien des partenaires de la société civile, la dernière étape consistera à envisager un mécanisme d'adoption du code par les nouveaux médias en ligne, qui ne sont pas encore réglementés ni organisés. Le renforcement des capacités mis en place grâce au projet #CoronavirusFacts contribue directement à la professionnalisation du journalisme haïtien et des communautés de vérification des faits.

À propos du projet #CoronavirusFacts

D’après le principe central selon lequel l’information est le contraire de la désinformation, le projet de l’UNESCO #CoronavirusFacts met à profit le rôle essentiel de la liberté d’expression et de l’accès à l’information afin de répondre aux besoins d’informations à l’ère du COVID-19 et de lutter contre la vague massive de désinformation qui menace d’impacter la démocratie, le développement durable et la stabilité du monde entier. Financé par l’Union Européenne et mis en œuvre dans 9 pays et 4 régions, le projet soutient la capacité des médias professionnels, divers et indépendants à informer sur la pandémie ; renforce les organisations locales de vérification des faits afin de démystifier la désinformation ; et permet aux jeunes et aux autres citoyens de traiter de manière critique ce qu’ils lisent et entendent au sujet du COVID-19 grâce à des formations en éducation aux médias et à l’information. En raison des défis sans précédent auxquels sont confrontés les secteurs des médias et de la technologie numérique, l'UNESCO a créé un Centre de ressources rassemblant une sélection de réponses au COVID-19.

Pour davantage d’informations, consultez : https://fr.unesco.org/covid19/disinfodemic/coronavirusfacts