Assurer la sécurité de l’eau pour tous avec le Programme hydrologique intergouvernemental

Les représentants des États membres de l'UNESCO se sont réunis à l'occasion de la 25e session du Conseil intergouvernemental du Programme hydrologique intergouvernemental (PHI) de l'UNESCO, à Paris, France, du 26 au 29 avril 2022. Au centre des débats : le plan stratégique de mise en œuvre de la neuvième phase (PHI-IX, 2022-2029), intitulée « La science pour un monde où la sécurité de l’eau est assurée dans un environnement en mutation ».

Le Rapport mondial des Nations unies sur la mise en valeur des ressources en eau (2022), intitulé « Eaux souterraines : rendre visible l’invisible », indique qu'environ quatre milliards de personnes vivent dans des régions qui souffrent d'une grave pénurie d'eau pendant au moins un mois par an. L'édition 2021 du rapport révèle que plus de 2 milliards de personnes vivent déjà dans des zones soumises à un stress hydrique. Quelque 3,4 milliards de personnes, soit 45 % de la population mondiale, n'ont pas accès à des installations sanitaires gérées de manière sûre. Selon des évaluations indépendantes, le monde sera confronté à un déficit hydrique global de 40 % d'ici à 2030. Cette situation sera aggravée par des défis mondiaux tels que le COVID-19 et le changement climatique.

Les 36 membres du Conseil du PHI ont décidé que le plan opérationnel du PHI-IX sera mis en pratique par le biais d'un processus inclusif de groupes de travail thématiques et de groupes intersectoriels composés de représentants de la famille de l'eau de l'UNESCO, comprenant les comités nationaux du PHI, les centres liés à l'eau sous l'égide de l'UNESCO, les chaires UNESCO et les partenaires.

Le plan stratégique de la neuvième phase du Programme comprend cinq domaines prioritaires interdépendants :

• la recherche scientifique et l'innovation ;
• l'éducation relative à l'eau dans la quatrième révolution industrielle, y compris la durabilité ;
• combler le fossé entre les données et les connaissances ;
• la gestion intégrée des ressources en eau dans des conditions de changement global ;
• la gouvernance de l'eau basée sur la science pour l'atténuation, l'adaptation et la résistance.

Ils ont été conçus dans le cadre d'un processus inclusif et consultatif avec les États membres de l'UNESCO.

Le Conseil a adopté quatre résolutions pour s'assurer que le PHI-IX et le système évolutif des initiatives phares travaillent en synergie pour atteindre les objectifs mondiaux en matière d'eau et de développement, à l'ère de l'anthropocène, où les besoins mondiaux en eau augmentent alors que les réserves mondiales d'eau diminuent, et où les impacts du changement climatique se font de plus en plus sentir à travers l'eau.

Lors de l'ouverture du Conseil, Mme Shamila Nair-Bedouelle, Sous-directrice générale pour les sciences exactes et naturelles de l'UNESCO, a lancé un appel urgent pour que les États membres soutiennent davantage le travail du PHI, déclarant que le succès du programme est encore plus crucial aujourd'hui, étant donné la crise mondiale croissante de l'eau. Mme Nair-Bedouelle a souligné que soutenir le PHI et sa 9e phase sera un excellent moyen d'accélérer la réalisation de l'Objectif de développement durable sur l'eau et l'assainissement (ODD 6) des Nations unies, qui n'est pas sur la bonne voie. Tout en soulignant l'Initiative de développement des capacités du Cadre mondial d'accélération de l'ODD 6, co-dirigée par l'UNESCO, elle a également déclaré qu'il fallait renforcer le travail dans les domaines de l'eau et l’égalité des sexes, ainsi que de l'eau et du changement climatique, tous deux inclus dans l'ambitieux plan stratégique du PHI-IX.

Cette nouvelle et ambitieuse 9e phase du Programme hydrologique intergouvernemental de l'UNESCO, qui s'étendra sur 7 ans (2022-2029), annoncera une toute nouvelle façon de travailler pour le programme, avec des activités qui ne ciblent pas les secteurs mais qui se concentrent plutôt sur la nature transversale de l'eau. L'éducation à l'eau sera l'une des activités prévues, parmi beaucoup d'autres, pour sensibiliser à cette nature transversale de l'eau et éduquer toutes les parties prenantes sur le besoin toujours croissant de faire de la sécurité de l'eau une réalité mondiale. Les activités d'éducation à l'eau prévues cibleront les experts, les non-experts et les médias.



En outre, la 9e phase du programme du PHI offrira une plate-forme pour étendre la coopération au sein de la communauté scientifique internationale, et contribuera ainsi à résoudre de nombreux problèmes non résolus dans le domaine de l'hydrologie. En effet, des problèmes emergent à la suite du rythme toujours croissant des changements environnementaux liés aux comportements humains, et une meilleure compréhension de l'hydrologie est indispensable afin de prendre en compte ces interactions entre les activités humaines et les systèmes d'eau pour élaborer des scénarios de gestion intégrée des ressources en eau (GIRE) et permettre à l'eau de contribuer au développement mondial et à la paix.



La sécurité de l'eau, qui est l'axe principal de la 9e phase du PHI, est de plus en plus importante maintenant que le monde est témoin d'énormes demandes en eau tout en étant confronté à des pénuries d'eau et à une pollution de l'eau en constante augmentation. Les changements climatiques croissants jouent également un rôle dans ces tendances inquiétantes, avec une augmentation des catastrophes climatiques liées à l'eau qui détruisent des vies et des infrastructures, ce qui amène les experts à reconnaître que la crise climatique est une crise de l'eau. La 9e phase du PHI arrive donc à point nommé et devrait fournir aux États membres de l'UNESCO des solutions à tous ces problèmes avec l'aide de la science.

Un événement scientifique parallèle, s’est tenu au siège de l'UNESCO à la veille de la 25e session du Conseil, et visait à discuter et à façonner la contribution scientifique du PHI-IX à la Conférence des Nations unies sur l'eau de 2023.