Histoire

Cinq questions sur la bande dessinée de l’UNESCO sur l’intelligence artificielle

Lors du Forum sous-régional d’Afrique australe sur l’intelligence artificielle (IA), l’UNESCO a lancé une bande dessinée intitulée Cap sur l’IA : une aventure algorithmique. Katie Evans, autrice du scénario, a abordé le but de la bande dessinée et échangé avec de jeunes étudiants souhaitant en savoir plus sur l’IA.

Impliquer le public de manière accessible et amusante

Dans le cadre des travaux de l’UNESCO visant à mettre les technologies émergentes au service du développement durable, Cap sur l’IA : une aventure algorithmique aide les jeunes adultes à explorer l’impact de l’intelligence artificielle sur l’humanité.

Nashilongo Gervasius Nakale (Université des sciences et technologies de Namibie) a interviewé Katie Evans, Docteur en philosophie et en éthique de l’intelligence artificielle et autrice de Cap sur l’IA pour expliquer les subtilités de l’IA.

 

Q.1 Le roman graphique est composé de quatre épisodes, chacun abordant un concept majeur lié à l’IA. Quel a été le processus de sélection et quels sont les principaux thèmes du roman ?

L’IA présente de multiples facettes et affecte chacun d’entre nous de différentes manières, parfois surprenantes. Au départ, il a été difficile de choisir non seulement les concepts sur lesquels se concentrer, mais aussi la façon de les enchaîner sans perdre le lecteur. Le roman comporte au moins 16 concepts scientifiques fondamentaux, mais les principaux sujets que nous avons abordés sont la fracture numérique, le biais algorithmique, les chambres d’écho et l’impact environnemental de l’IA. Au final, notre objectif a été de donner au lecteur une vision complète et amusante de certains des problèmes sociaux et éthiques les plus urgents de l’IA, tout en y intégrant le plus de science possible.

 

Q.2 A-t-il été difficile d’adapter un sujet aussi complexe que l’IA en une bande dessinée ? Avez-vous suivi un processus pour simplifier les concepts sans les dépouiller de leur valeur scientifique ?

Pour aborder [l’abstraction de l’IA] sans transformer le roman en manuel scolaire, j’ai eu l’idée de décrire l’intelligence artificielle comme un endroit plutôt que comme un objet ou un concept, et de faire de cet endroit le cadre de l’intrigue. Cela a donné naissance à cet univers alternatif et algorithmique appelé Plethor.A.I., qui est essentiellement une grande métaphore étendue de ce à quoi l’IA d’aujourd’hui pourrait ressembler de l’intérieur. À partir de là, une grande partie de l’adaptation s’est faite d’elle-même : les plateformes sont devenues des planètes, le « cloud » est devenu une sorte de Voie lactée s’étendant à travers la galaxie. Il y a même une ceinture d’astéroïdes de déchets électroniques !

 

Q.3 Vous avez travaillé avec une équipe d’illustrateurs pour créer le roman. Y a-t-il eu des messages clés que vous avez voulu collectivement faire passer lors de l’écriture du scénario, au-delà des défis de l’IA ?

Oui ! Il y a certainement eu une volonté collective de mettre en valeur la diversité et d’être inclusif dans la façon de raconter l’histoire. Certaines voix, comme celles des femmes ou des personnes originaires de régions du monde sous-représentées, méritent d’être davantage entendues dans le débat sur l’IA. Pour y remédier, nous n’avons pas seulement développé des personnages originaires d’endroits divers tels que l’Amérique latine, l’Afrique, le Moyen-Orient et l’Océanie, mais nous avons également insufflé à l’environnement, à l’esthétique et à l’intrigue de chaque épisode la plus grande exactitude culturelle possible. Nous avons eu la chance d’avoir une équipe entièrement féminine d’illustratrices très talentueuses, elles-mêmes originaires de ces régions et dont le travail très riche et enthousiaste a sûrement donné vie au projet.

Five questions on UNESCO’s comic strip on Artificial Intelligence
De jeunes étudiants en train d’écouter l’interview lors de l’événement de lancement.

Questions d’étudiants du Réseau des écoles associées de l’UNESCO (réSEAU) en Namibie

Q.4 J’ai vu une vidéo dans laquelle Elon Musk affirme que l’IA est bien plus dangereuse que nous le pensons. Puisque l’IA travaille plus vite que l’homme, pourrait-elle avoir un impact sur les opportunités d’emploi à l’avenir ?

L’IA peut faire des mathématiques et des statistiques mieux que les humains. Elle peut donc sembler meilleure que les humains dans tous les domaines. Vous pouvez également penser qu’il n’y aura plus de place pour les humains à l’avenir. Cette idée est fausse. Tout d’abord, parce que ce n’est pas l’avenir que nous souhaitons, mais aussi parce que ce n’est pas exact, compte tenu de la manière dont l’IA évolue. À tout moment, il est important de penser aux futures opportunités de travail pour les êtres humains et à la manière dont l’IA s’inscrit dans ce tableau, et non l’inverse. En outre, l’IA n’est pas systématiquement meilleure dans tous les domaines. Par exemple, une IA peut battre un champion d’échecs, mais cette même IA ne sait même pas faire un lacet.

 

Q.5 Si vous programmez une voiture sans conducteur, que doit-elle faire si un bébé traverse la route à quatre pattes en même temps qu’une vieille dame ?

Il existe deux types de raisonnement à ce sujet. Le premier consiste à examiner les solutions que les théories morales traditionnelles, telles que l’utilitarisme, apporteraient à ce type de dilemme. L’autre consiste à se tourner vers la société à laquelle appartient la voiture pour trouver des réponses ; que pourraient attendre les citoyens du comportement des voitures sans conducteur dans ces situations ? En fin de compte, nous voulons que les voitures sans conducteur causent le moins de dommages possible et, si elles doivent en causer, que cela corresponde aux attentes des utilisateurs de l’environnement de la voiture. Les voitures sans conducteur n’ont pas leur propre sens de la moralité, c’est aux humains qui conçoivent ces voitures de s’assurer que leur comportement est acceptable pour tous.

Le roman a été lancé en parallèle du Forum sous-régional UNESCO-Afrique australe sur l’intelligence artificielle, qui s’est déroulé à Windhoek, en Namibie.

Southern Africa sub-Regional Forum on Artificial Intelligence

Forum sous-régional UNESCO-Afrique australe sur l’intelligence artificielle

Cap sur l'IA - Une aventure algorithmique
Evans, Katherine
UNESCO
2022
UNESCO
0000382456
Évaluation des besoins en intelligence artificielle en Afrique
Sibal, Prateek
UNESCO
Neupane, Bhanu
2021
UNESCO
0000375322