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#CoronavirusFacts - désinformation sur la COVID-19: Formation des médias communautaires de la Casamance sur le fact-checking

Deux importants ateliers ont été organisés entre le 16 et le 22 novembre 2020 dans les régions de Kolda et Kaolack au sud du Sénégal. Menée en faveur des journalistes, animateurs et animatrices des radios communautaires de Kolda, Sédhiou, Kédougou et Ziguinchor, l’initiative vise à renforcer la lutte contre la désinformation autour de la pandémie de coronavirus.

Fournir les compétences techniques en matière de fact-checking pour lutter contre la désinformation en général et sur la COVID-19 en particulier, c’est l’objectif de la série d’ateliers de formation organisée par l’UNESCO, en partenariat avec le Réseau international des Femmes (RIF) de l’AMARC, l’Union des radios communautaires (URAC) du Sénégal et l’agence de vérification des faits, Africa Check.

Ces deux ateliers, organisés respectivement à Kolda et Kaolack au sud du Sénégal, dans le cadre du projet « #CoronavirusFacts - Adressing the desinfodemic on COVID-19 in conflict-prone environments » financé par l’Union Européenne, visent à garantir l’accès à l’information crédible et fiable (ODD 16) sur la COVID-19 pour renforcer la résilience des populations face à la désinformation. Ils contribuent aussi à la réduction des risques de discrimination, de stigmatisation et voire de conflits qui pourraient découler de la propagation de la désinformation.

Les travaux de ces ateliers ont réuni du 16 au 18 novembre à Kolda et du 20 au 22 novembre 2020 à Kaolack, une trentaine d’hommes et de femmes journalistes, animateurs et animatrices. Au total c’est près de 35 stations de radios communautaires des régions de Kolda, Sédhiou, Kédougou et Ziguinchor qui ont bénéficié de ces formations. Ces deux rencontres ont également connu la participation d’autorités locales, de professionnel(le)s de la santé et d’expert(e)s médias chargé(e)s de la formation.

Dans son intervention lors des travaux, Mame Gor NGOM, Rédacteur en chef adjoint d’Africa Check et formateur, fait remarquer que les informations inexactes sur la pandémie de COVID-19 mettent la vie des populations en danger. Pour cela, il propose cinq questions à se poser face à une information : « Qui l’a écrite ? Puis-je vérifier les affirmations ? Est-ce que l’information me fait peur ou me met en colère ? Contient-elle des images, vidéos ou audios choquants ? Suis-je sûr qu’il ne s’agit pas d’un canular ? ». Pour l’expert, la vérification de l’information est un processus critique qui fait appel à des compétences spécifiques dont la maîtrise permet de déceler la vraie de la fausse information et ainsi, permettre au journaliste de diffuser l’information crédible.

Dans le cadre de cet apprentissage des techniques de fact-checking, le formateur a évoqué des cas pratiques, en revenant sur des exemples concrets dont certains ont alimenté les réseaux sociaux et créé la psychose au sein des populations :

En avril, une vidéo partagée sur WhatsApp prétendait montrer une équipe de vaccination qui cherchait à répandre le virus dans un village de Casamance, Pakao. Après vérifications, nous nous sommes rendu compte que ce n’était pas Pakao mais Soumboundou et qu’il ne s’agissait pas d’une équipe de vaccinateurs contre le coronavirus mais de personnes faisant un don de médicaments
Mame Gor NGOM, Rédacteur en chef adjoint d’Africa Check et formateur

Le programme de formation a également permis d’aborder les enjeux socio-culturels des communautés et le rôle des médias en période de crise comme celle de la Covid-19, dans les environnements sujets aux conflits. Du fait de l’histoire de la Casamance marquée « par le conflit armé indépendantiste et d’autres types de conflits mineurs », Moussa DRAME, journaliste d’investigation souligne que « face à la pandémie de coronavirus qui a fait son apparition sur ce terrain d’insécurité et de précarité ambiante permanente, la collecte de l'information doit être appréhendée comme un processus structuré, systématique mais également évolutif ». Dans sa présentation, l’expert a énuméré les précautions d’usage nécessaires à une bonne vérification de l’information dans des situations de conflits, et les étapes permettant d’effectuer une pondération des informations en fonction de leur importance dans le processus décisionnel (de primordiales à facultatives) et de leur fiabilité.

Après avoir participé à la formation, Mme Aïssatou FAYE, journaliste à la radio communautaire Gabou Fm de Sédhiou, témoigne :

Participer à cet atelier m’a permis de comprendre ce qu’est un fake news et comment le débusquer […] Mon travail doit être différent aujourd’hui pour limiter les conséquences désastreuses des fausses informations qui proviennent surtout des réseaux sociaux, pour le bien de nos populations et un changement de comportement

Au terme de cette série d’ateliers, les journalistes, animateurs et animatrices des radios communautaires des régions ciblées seront soutenus pour la production et la diffusion de contenus basés sur des faits contre la désinformation sur la COVID-19 au Sénégal.