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Entretien avec le Ministre portugais de l’éducation sur les dimensions évolutives du droit à l’éducation

Le monde a considérablement changé depuis l’élaboration et l’adoption des principaux traités sur le droit à l’éducation, il y a plus d’un demi-siècle. L’initiative de l’UNESCO sur les dimensions évolutives du droit à l’éducation étudie la manière dont le droit à l’éducation, consacré par des instruments normatifs internationaux, peut être davantage renforcé pour relever les défis d’aujourd’hui.
L’UNESCO a posé cinq questions à S. E. M. João Miguel Marques da Costa, Ministre portugais de l’éducation, sur la manière dont les droits s’adaptent à mesure que l’éducation évolue et se transforme.
João Miguel Marques da Costa

Quelle est votre vision de la transformation de l’éducation ?

La transformation n’est pas un objectif en soi. Nous devons évoluer à l’aune des défis qui apparaissent et qui persistent. Il va sans dire que l’accès de base à l’éducation n’est pas encore assuré dans de nombreux pays et régions du monde, que les filles sont laissées pour compte et que le taux d’alphabétisme n’est pas encore suffisant. La pandémie a aggravé cette situation. Certaines de ces difficultés sont très anciennes et nécessitent des investissements continus.

Les progrès fulgurants des technologies en général et de l’intelligence artificielle (IA) en particulier représentent un autre défi de taille. Les technologies font partie de notre quotidien, mais réussir à instaurer une relation saine avec elles constitue l’un des objectifs majeurs des systèmes éducatifs. Cela nécessite d’intégrer la technologie en ayant une intention en tête et de développer les compétences qui n’ont jamais été aussi nécessaires, telles que la capacité à s’y retrouver dans le déluge d’informations et à faire preuve d’esprit critique et créatif. Ce qui fait la spécificité de l’être humain, à savoir les arts, les lettres, la capacité de s’émerveiller et d’être étonné, les sports et leur nature inclusive, nécessite d’atteindre le juste équilibre dans la conception des programmes d’enseignement, afin qu’ils favorisent le développement humain et le progrès culturel et préparent à l’avenir.

Comment le droit à l’éducation évolue-t-il ?

Il évolue de façon positive, mais de nombreuses régions du monde n’ont pas encore réalisé l’accès universel à l’éducation. De plus, l’exclusion de certains groupes, de communautés ethniques et des filles reste un défi majeur. La pandémie a été à l’origine d’une importante régression du droit à l’éducation. Parallèlement, nous devons nous concentrer sur la qualité des systèmes éducatifs : l’accès doit mener au succès.

Quels sont les principaux défis en matière d’éducation aujourd’hui ?

Selon moi, le Sommet sur la transformation de l’éducation a permis de formuler très clairement les défis essentiels : atteindre l’équité grâce à des systèmes éducatifs plus inclusifs ; résoudre la pénurie mondiale d’enseignants ; trouver son chemin dans le labyrinthe de la révolution numérique ; former de meilleurs citoyens ; et éviter le recul démocratique grâce à l’éducation.

Quelles sont les principales perspectives en matière d’éducation aujourd’hui ?

Le fait que les grands défis soient d’envergure planétaire offre une occasion unique d’échanger des solutions et des bonnes pratiques et de s’engager au niveau mondial en faveur du rôle déterminant de l’éducation.

Quel message voulez-vous adresser aux enseignants et aux apprenants ?

Vous dépendez les uns des autres. L’amélioration de l’éducation repose sur la coopération, les efforts communs et l’empathie. En matière d’éducation, rien n’est impossible. L’histoire de la démocratie est l’histoire de l’inclusion, et l’éducation n’est pas une question de mérite individuel, mais un processus de collaboration qui nous fait tous grandir.