Communiqué de presse
À l’UNESCO, un appel à la régulation des plateformes numériques face à la désinformation et à la haine en ligne
Si le brouillage des frontières entre le vrai et le faux, le déni très organisé des faits scientifiques, l'amplification de la désinformation et des complotismes, ne sont pas nés sur les réseaux sociaux, ils s’y épanouissent bien mieux que la vérité en l’absence de régulation. C’est en prenant la pleine mesure de cette révolution technologique que nous pourrons faire en sorte qu’elle ne se fasse pas au détriment des droits humains, de la liberté d’expression et de la démocratie. Pour que l’information reste un bien commun, c’est maintenant que nous devons, ensemble, réfléchir et agir.
La conférence « Pour un internet de confiance » est le point d’orgue d’un dialogue mondial lancé par l'UNESCO pour élaborer les premiers principes mondiaux de régulation des réseaux sociaux visant à améliorer la fiabilité des informations et à promouvoir les droits humains en ligne. L'Organisation a réuni toutes les parties prenantes : gouvernements, régulateurs indépendants, entreprises du numérique, universités et société civile. Ces principes seront lancés par l’UNESCO en septembre 2023.
« Sans faits, il n’y a pas de vérité »
Les mensonges se répandent plus vite que les faits. Pour une raison ou une autre, les faits sont vraiment ennuyeux. Les mensonges, surtout lorsqu'ils sont empreints de peur, de colère, de haine, de tribalisme - « nous » contre « eux » - se répandent. Ils mettent le feu aux poudres.
Elle a ensuite prévenu que, si nous continuons à tolérer les algorithmes des réseaux sociaux qui récompensent les mensonges, les générations futures hériteront d’un monde dans lequel la vérité aura été dangereusement dévaluée. « Sans faits, il n’y a pas de vérité, sans vérité, il n’y a pas de confiance, et nous n’avons pas de réalité partagée. », a-t-elle averti.
Dans son allocution, le Président du Brésil, Luiz Inácio Lula da Silva, a rappelé les violentes attaques menées contre les institutions démocratiques, le 8 janvier au Brésil.
Ce qui s'est passé ce jour-là était le point culminant d’une campagne initiée bien plus tôt, et qui a utilisé le mensonge et la désinformation comme munitions. Dans une large mesure, cette campagne a été nourrie, organisée et diffusée par le biais de plateformes numériques et d’applications de messagerie. La même méthode a été utilisée pour générer des actes de violence ailleurs dans le monde. Cela doit cesser.
Une réglementation coordonnée et ancrée dans les droits humains
La Directrice générale de l’UNESCO a souligné les nombreux efforts de régulation menés dans au moins 55 pays, mais a prôné une approche cohérente au niveau mondial, fondée sur les droits humains. « Si ces initiatives de régulation sont lancées de manière isolée, chaque pays travaillant dans son coin, elles sont vouées à l’échec. Les bouleversements de l’information constituent par définition un problème mondial, c’est pourquoi nos réflexions doivent se dérouler à l’échelle mondiale. », déclare-t-elle.
Les discussions que nous menons en ce moment même à Paris revêtent une importance considérable. Il est essentiel de définir un ensemble de principes communs sur la régulation de cet espace numérique. La technologie ne peut être détournée pour supprimer des personnes, pour surveiller ou harceler, ou pour bloquer l’accès à internet.
Le Youtubeur, Felipe Neto, l’un des créateurs de contenu au plus grand nombre d’abonnés au monde, a partagé son expérience face aux contenus extrémistes poussés par les algorithmes.
Bien sûr, nous ne voulons pas fermer les plateformes. Nous ne voulons pas les combattre. Mais il s’agit de rendre des comptes, de mettre fin à l'impunité, de les amener à la table et de dire “vous devez être responsables des erreurs que vous avez commises et que vous allez commettre”.
La Directrice générale, dans sa conclusion, a appelé tous les pays à se joindre aux efforts de l’UNESCO pour transformer internet en un outil qui soit véritablement au service du public et qui contribue à garantir le droit à la liberté d'expression, un droit qui inclut le droit de rechercher et de recevoir des informations.
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