Histoire

« Sawt Jdid » : Quand l’UNESCO et les jeunes s’invitent à la radio

Quatre jeunes étudiants ont été sélectionnés par l’UNESCO – Beyrouth afin d’animer une nouvelle émission hebdomadaire sur la station radio libanaise Voix du Liban (VDL) 100.3 – 100.5, à partir du 7 mai. Au programme, COVID-19, communautés marginalisées et Li Beirut, l’initiative phare de l’UNESCO.

Dans les locaux de la radio Voix du Liban à Achrafieh, en plein cœur de Beyrouth, les discussions sont animées en ce vendredi après-midi et les préparatifs vont bon train. Le directeur général de la radio, Assaad Maroun, en pleine séance de coaching, s’affaire à expliquer à quatre jeunes gens les choses à faire et à ne pas faire lorsqu’on anime une émission à l’antenne. Et pour cause : ils ont été choisis par l’UNESCO – Beyrouth pour produire et présenter une émission hebdomadaire sur les ondes de la VDL, à partir du 7 mai, dans le cadre de l’engagement de l’UNESCO pour promouvoir la liberté d’expression et le droit à l’accès à l’information.

En effet, cette émission de radio interactive baptisée Sawt Jdid (Nouvelle voix), qui durera neuf mois, visera principalement à établir un engagement plus large avec des groupes marginalisés ou difficiles à atteindre au sein de la communauté libanaise, afin de permettre une intégration de leurs points de vue et perceptions dans les discussions prévues. Notamment en ce qui concerne la récente crise sanitaire de Covid-19 qui s’accompagne d’une campagne de désinformation massive. Au programme, des débats, des micros-trottoirs, mais aussi l'accueil d'invités spéciaux et experts, pour contrer le fléau rampant des « fake news » tout en accordant une importance toute particulière au thème de la liberté d’expression.

« Nous allons parler de sujets qui nous importent en tant que jeunes et nous éloigner des stéréotypes, confie Amani Bou Diab, 23 ans, diplômée en publicité, marketing et communication de l’Université libanaise (UL). Je pense qu’il est important pour nous d’être proches de notre audience et que le show nous ressemble dans ses segments, ses sujets, sa musique. La radio connaît un recul aujourd’hui car elle n’accompagne plus la vie des jeunes et leurs aspirations, et nous sommes tous les quatre très enthousiastes à l’idée de travailler ensemble. »

La parole aux jeunes

Ce n’est pas la première fois qu’Amani, Rita, Habib et Karim collaborent ensemble sous l’égide de l’UNESCO. L’institution onusienne les avait déjà réunis le temps d’une courte émission à l’occasion de la Journée mondiale de la radio. « Nous étions alors plus nombreux, explique Rita Abdo, diplômée de l’UL avec un Master en journalisme et médias numériques. Chacun de nous travaillait chez lui et en ligne à cause de la pandémie. Aujourd’hui, on se rencontre pour la première fois en vrai et cette interaction est inestimable ». « J’ai déjà travaillé sur des émissions radio mais jamais en direct, assure de son côté Karim Kawkabi, 21 ans, étudiant en audiovisuel à l’Université Notre-Dame de Louaizé. Nous allons répartir les tâches et bien nous préparer. »

La formation sur la production de segments pour la radio et l'éducation aux médias et à l'information fait partie intégrante du projet imaginé par l’UNESCO pour les quatre jeunes amateurs passionnés de médias, qui devront toutefois faire preuve de beaucoup de créativité. « Les jeunes présentateurs auront une grande liberté pour proposer leurs propres points de vue et des solutions innovantes pour les problèmes à résoudre, car ils sont aptes davantage, de par leur jeune âge, à identifier de nouveaux moyens de communication et à engager des personnes de leur communauté », affirme ainsi George Awad, responsable des programmes de l’information et de la communication à l’UNESCO - Beyrouth.

L’émission sera par ailleurs une plateforme pour le plan d’action phare de l’UNESCO, Li Beirut, et permettra de mettre en lumière les nombreuses initiatives entreprises sur ce plan, pour venir en soutien à la capitale libanaise suite aux explosions du port. « Il est très important de continuer de parler de Beyrouth à la radio ou sur les réseaux sociaux, estime Habib Akiki, 22 ans, étudiant en master en journalisme à l’Université américaine de Beyrouth. Il faut préserver l’identité de Beyrouth menacée par les explosions du 4 août, et cela nous concerne tous. » Pour le jeune homme, sensible à la mission de l’UNESCO de par ses expériences précédentes avec l’institution, Li Beirut revêt une importance toute particulière, et il est bien destiné à tirer profit de cette nouvelle plateforme radiophonique pour parler de ce sujet, et bien d’autres, qui lui tiennent à cœur. « Avec l’UNESCO, la liberté d’expression n’est pas juste un slogan ou de l’encre sur du papier, dit Amani. Il y a un vrai respect de nos opinions, un grand soutien et une valorisation de notre travail et de nos idées. Sans oublier évidemment un engagement à nous inculquer des valeurs relatives à l’éthique et à la déontologie journalistique, et toutes ces opportunités offertes nous encouragent en tant que jeunes du Liban à aller de l’avant. »

Li Beirut est un appel international de collecte de fonds lancé depuis Beyrouth par la Directrice générale de l'UNESCO au lendemain de la double explosion, le 27 août 2020, pour soutenir la réhabilitation des écoles, des bâtiments du patrimoine historique, des musées, des galeries et de l’économie créative, qui ont tous subi d'importants dommages dans les explosions meurtrières.