30e anniversaire de la Journée Mondiale de la Liberté de la Presse

Histoire

Sénégal : l'UNESCO célèbre les 30 ans de la journée mondiale de la liberté de la presse

Une soixantaine de parties prenantes du secteur des méias a pris part au forum de discussion organisé le 03 mai 2023 à Dakar, pour faire l'état des lieux de la liberté d'expression au Sénégal et évaluer les défis et opportunités qui s'imposent dans le domaine.

L’UNESCO Dakar, en collaboration avec le Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS), a organisé, le 03 mai 2023, la célébration de la journée mondiale de la liberté de la presse. Menée en partenariat avec les organisations des médias du Sénégal (Coordination des Associations de Presse, Maison de la Presse, Réseau international des femmes, etc.) et des Organisations régionales et internationales (ARTICLE 19, Institut Panos, Reporters Sans Frontières), la rencontre s’est tenue sous le thème mondial : « Façonner un avenir de droits : La liberté d'expression comme moteur de tous les autres droits de l'homme ». A Dakar, elle a connu la présence effective des représentants des institutions publiques, expert(e)s, responsables et membres d’organisations professionnelles des médias, d’organismes de régulation et d’arbitrages des médias, représentants de la société civile, de syndicats, patrons de presse, et journalistes. 

La célébration qui nous réunit aujourd’hui prolonge l’esprit de Windhoek. Au Sénégal, notre constitution consacre la liberté d’expression comme droit fondamental, et notre pays a ratifié tous les instruments juridiques légaux en la matière.

Fatou Bineta NdiayeSecrétaire générale du ministère de la Communication, des Télécommunications et de l’Economie numérique
Fatou Binetou Ndiaye
Fatou Binetou Ndiaye, Secrétaire générale du ministère de la Communication, des Télécommunications et de l’Economie numérique.

Reconnaissant que « les arrestations d’acteurs de médias sont toujours regrettables », et insistant sur la nécessité d’exercer dans le respect des règles d’éthique et de déontologie, elle a encouragé ces derniers à « toujours défendre la liberté de la presse et à protéger la profession par une exigence professionnelle accrue et une réflexion constructive sur les défis du secteur ». Ces défis sont notamment liés à l’utilisation et l’application des lois sur la diffamation, la lutte contre la désinformation, la sécurité des journalistes, le développement des médias, et l’accès public à l’information (ODD 16.10). Fort de cela, l’UNESCO mène depuis plusieurs années, des travaux de veille qui permettent de recenser régulièrement les principales tendances en matière de liberté d’expression et de développement des médias. Son rapport 2021/2022 avait d’ailleurs été présenté aux différentes parties prenantes du secteur au Sénégal et dans la sous-région ouest-africaine à l’occasion de la célébration de l’édition 2022 de la journée mondiale de la liberté de la presse. 

Pour cette édition 2023, l’accent a été mis sur le rôle central de la liberté d’expression dans la réalisation de tous les autres droits humains. En effet, la liberté d’expression et des médias aide à la vérification et à la diffusion des faits, rendant les sujets complexes intelligibles pour le grand public. Elle favorise aussi le développement du journalisme professionnel qui contribue à révéler les actes répréhensibles portant atteintes aux droits humains sans distinction.

Le travail des journalistes, et professionnel(le)s des médias publics, privés et communautaires, en ligne et hors ligne, qui, au quotidien, travaillent, y compris au risque de leurs vies et celles de leurs familles, à la fourniture de l’information fiable pour favoriser la garantie des droits humains dans notre société. 

Dimitri SangaDirecteur de l'UNESCO Dakar

Rappelant la proclamation en 1993, par l’Assemblée générale des Nations Unies, du 03 mai comme journée mondiale de la liberté de la presse, la représentante spéciale adjointe du Secrétaire général des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, Mme Giovanie Biha, a indiqué que « le droit d’informer et d’être informé est essentiel pour notre liberté en tant qu’individu et en tant que société. En façonnant un avenir de droits pour tous, il est impératif de se rappeler que la liberté d'expression est un élément clé de la démocratie et de la participation citoyenne.»

Giovanie Biha, Représentante spéciale adjointe au Bureau des Nations Unies pour l'Afrique de l'Ouest et le Sahel (UNOWAS)
Giovanie Biha, Représentante spéciale adjointe au Bureau des Nations Unies pour l'Afrique de l'Ouest et le Sahel (UNOWAS).

Au Sénégal, « cette célébration de la journée mondiale de la liberté de la presse intervient dans un contexte difficile pour les médias, avec l’arrestation de journalistes », a regretté le président du Comité d'observation des règles d'éthique et de déontologie, M. Mamadou Thior, par ailleurs représentant de la Coordination des Associations de Presse (CAP).  Evoquant l’article 3 de la Charte des journalistes du Sénégal qui invite à « défendre l’indépendance et la liberté de la presse dans tous ses aspects, notamment en ce qui concerne la liberté d’information », il s’est réjoui de la thématique choisie pour cette célébration, considérant que « si la liberté d'expression est respectée en tant que moteur de tous les autres droits de l'homme, le Sénégal comme le monde ne s’en porterait que mieux. »

La rencontre a donc servi de cadre aux différentes parties prenantes pour faire le point sur l’état des lieux de la liberté d’expression au Sénégal et évaluer les défis et opportunités auxquels est confronté le secteur des médias dans le pays en particulier, et dans la sous-région ouest-africaine en général. Les présentations et échanges ont porté sur trois thématiques spécifiques à savoir : l’utilisation des lois sur la diffamation pour restreindre la liberté de la presse ; la sécurité des journalistes, enjeux de la lutte contre la désinformation et l’accès à l’information au Sénégal en période préélectorale ; la sécurité des journalistes et des défenseurs des droits de l’homme dans un contexte de surveillance numérique croissante.

Les participant(e)s se sont accordés sur les préoccupations qui restent majeures au niveau national. Entre autres, les questions de précarité des médias, de violences physiques et psychologiques sur les journalistes dans l’exercice de leurs fonctions, de désinformation avec la montée des réseaux sociaux, qui doivent être adressées efficacement, au moment où la loi sur l’accès à l’information, attendue depuis quelques années, est sur le point d’être peaufinée. Pour promouvoir une presse libre, forte, protégée, indépendante et résiliente, et lutter contre toutes les formes de dérives, les différentes parties prenantes ont recommandé, entre autres, l’harmonisation de tous les textes (code de la presse, loi d’accès à l’information, loi sur la diffamation, etc.) avec la participation des journalistes et de la société civile pour veiller à ce que leur contenu soit conforme aux standards internationaux et favorable au respect des droits humains. 

Participants à l'atelier
Participants de la rencontre.