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Trois grandes figures gabonaises quittent la scène

Octobre et novembre auront été des mois difficiles pour la scène gabonaise : Albert YANGARI, Maitre Marcelin MINKOE MI NZE et Christiane LIBINA ont tiré leur révérence.
Photos des trois personnalités ayant marqué la scène gabonaise et nous ayant quitté.

Le 19 octobre 2023, l’actrice, comédienne et professeur d’arts dramatiques Christiane Libina, a tiré sa révérence, la parole s’est tue.   

Diplômée de l’Ecole nationale d’art et manufacture (ENAM), Christiane Libina a notamment exercé au lycée Nelson Mandela et au lycée Mikolongo. Elle est une des femmes pionnières dans le théâtre au Gabon, avec une forte présence scénique, un jeu d’acteur et une diction formidables. 

En matière de cinéma, elle a fortement contribué à l’évolution du 7ᵉ art gabonais à travers sa présence dans divers films et séries. L’un de ses rôles les plus notables est sans aucun doute celui de « sœur Clarisse » dans la série « L’auberge du salut ». Elle a également joué dans « Dôlé », « La clé », « Affaires Voisins », « Terre et Fils », « Parents mode d’emploi » ou encore « La Cour du Roi ».  Elle fut une bibliothèque nationale qui, durant des années, s’est imposée sur les écrans. Elle s’est éteinte à l’âge de 56 ans.

 

Avec la disparition de Marcellin Minkoe Mi Nze, artiste plasticien, ce sont les pinceaux et le burin qui se taisent

Il était une icône et un pilier de la scène artistique du Gabon. Il s’est révélé au public, en 1982, lors d’une exposition au Centre culturel français de Libreville.

Parmi ses créations les plus visibles, on note, diverses sculptures monumentales dont « La Porte de la Liberté », sur le bord de mer, en face de la Présidence de la République, à Libreville, « Tolérance », au carrefour Rio, ou encore cette sculpture à l’entrée du stade de l’amitié à Akanda. Il est aussi connu pour ses peintures remarquables à l’usage de couleurs vives et à leur taille audacieuse pour des toiles. 

Marcellin Minkoe Minze a sans aucun doute marqué de son empreinte le secteur artistique gabonais, ayant formé plusieurs générations de plasticiens à l’École nationale d’arts et manufacture (ENAM) où il a exercé de longues années durant et dont il fut directeur général. 

Marcellin Minkoe Minze soutenait avec conviction que le cubisme a ses racines au Gabon et que Pablo Picasso s’était en partie inspiré de l’art gabonais à travers notamment les formes du masque nguil apparentes dans certaines de ses toiles.

 

Avec Albert YANGARI, la presse écrite au Gabon a perdu son père.

C’est une des plus belles plumes qui s’en est allée. À travers le temps, « Monsieur Yangari », patriarche d’une communauté Akélé disséminée sur l’ensemble du territoire national, a su écrire son patronyme en lettres d’or dans un univers dont il était le pionnier. 

Albert Yangari a eu un fort impact dans la naissance et l’éclosion de la presse écrite au Gabon dont il est jusqu’aujourd’hui une référence. Il est notamment associé à la naissance du premier quotidien du Gabon, L’Union, dont il devient directeur général durant une vingtaine d’années. 

En 2009, lors de la première transition politique au Gabon, à la suite du décès d'Omar Bongo Ondimba, à la tête de L’Union, il avait su aborder cette période sensible, se démarquant de la ligne habituelle du journal. Censé être pro-gouvernemental, le journal s’était élevé en neutralité entre les différents acteurs politiques.

Sur le plan politique, Albert Yangari a également joué un rôle important. Il fut directeur de cabinet adjoint du président Omar Bongo et membre du Gouvernement dans les années 1970. En 1990, il rejoint l’opposition au sein du CDJ, le Congrès pour la Démocratie et la Justice (CDJ). 

Anthropologue devenu, inscrit au Département d’anthropologie, à l’Université Omar Bongo, ses travaux ont porté sur « les patronymes Ungom ou Akélé ». Le dictionnaire qui en était issu est un réservoir de connaissances dudit groupe ethnique.