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Une analyse de l’UNESCO portant sur 180 pays révèle qu’une plus grande liberté d’expression est étroitement liée à la protection d’autres droits de l’homme

Une nouvelle analyse par l’UNESCO des données de V-Dem sur le statut des droits de l’homme dans 180 pays montre une corrélation plus forte entre la liberté d’expression et les autres droits de l’homme.
Higher levels of freedom of expression

Les 10 pays où la liberté d’expression est la plus élevée, selon les données de V-Dem, jouissent également d’un niveau de protection nettement supérieur des droits civils, politiques, économiques et sociaux, comme l’accès à la justice, une quasi-absence d’assassinats politiques et des niveaux d’exclusion très faibles selon les indicateurs de genre, socioéconomiques, urbains-ruraux, politiques et de groupes sociaux.

Dans le même temps, les dix pays où la liberté d’expression est la plus faible sont associés à des niveaux d’exclusion supérieurs par groupe socioéconomique et à des niveaux d’exclusion élevés par sexe et par groupe politique.

Forte corrélation avec les droits civils et politiques

Lorsqu’on mesure la corrélation entre la liberté d’expression et les droits civils et politiques essentiels, les résultats montrent par exemple une corrélation de 0,81 point entre la liberté d’expression et l’absence d’assassinats politiques et de torture. L’absence d’une telle violence physique implique la jouissance de droits fondamentaux, tels que le droit à la vie et à la liberté, le droit de ne pas être soumis à la torture, à des peines ou traitements cruels et dégradants, l’égalité devant la loi et le droit à un procès équitable, ainsi que le droit de ne pas être arrêté ou détenu de manière arbitraire.

Une corrélation de 0,70 point est également mise en évidence lorsque l’on compare la liberté d’expression à l’exclusion politique. La corrélation entre la liberté d’expression et la protection contre le travail forcé s’élève à 0,64 point. Plus le chiffre est proche de 1, plus la corrélation est élevée, ce qui donne une indication du lien entre ces droits.

En ce qui concerne l’accès à la justice, comparé à la liberté d’expression, la corrélation s’élève à 0,74 point, ce qui renvoie à la mesure dans laquelle les personnes ont accès à un système juridique juste et équitable, à l’information juridique et à un procès équitable. Dans cette analyse, les pays où la liberté d’expression est supérieure sont donc associés à un meilleur accès à la justice.

Corrélation des droits civils et politiques avec la liberté d’expression

La comparaison de la liberté d’expression avec les principaux droits économiques et sociaux montre également une forte corrélation. Par exemple, la liberté de circulation dans un pays est fortement corrélée à la liberté d’expression, à hauteur de 0,78 point. Il s’agit de la liberté des citoyens de voyager et de résider librement dans leur propre pays, ainsi que du droit à la liberté, de la liberté de réunion et d’association, du droit de participer à des manifestations pacifiques, de l’accès à la santé, etc.

L’exclusion en fonction du sexe est également corrélée avec le niveau de liberté d’expression. En outre, lorsque l’on mesure l’exclusion des services ou des espaces publics en raison de l’identité ou de l’appartenance à un groupe particulier par rapport à la liberté d’expression, la corrélation s’élève à -0,66 point, ce qui signifie qu’une exclusion moindre est en corrélation avec une plus grande liberté d’expression.

Les données montrent également que dans les pays où la liberté d’expression est plus élevée, l’exclusion des biens et des services publics, l’accès aux emplois publics et aux opportunités commerciales privées ainsi que la protection des libertés civiles fondées sur les groupes auxquels les personnes appartiennent sont moindres. Une note d’information complète est jointe à ce communiqué de presse.

Bien que des recherches supplémentaires soient nécessaires pour démontrer le lien de causalité (c’est-à-dire quelle variable est responsable de l’existence de l’autre ou, ce qui est plus probable, si elles se renforcent mutuellement), cette analyse montre que des niveaux plus élevés de liberté d’expression sont de bons indicateurs que nous trouverons également des niveaux supérieurs de protection pour d’autres droits de l’homme.

Pour façonner l’avenir des droits à l’occasion du 75e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme et du 30e anniversaire de la Journée mondiale de la liberté de la presse, il est essentiel de comprendre comment la liberté d’expression est liée à d’autres droits de l’homme. Ainsi, la lutte pour la liberté d’expression est essentielle dans le cadre des efforts visant à renforcer les droits de l’homme.

Tawfik JelassiSous-directeur général pour la Communication et l’Information

Les conclusions sont publiées alors que l’UNESCO a réuni la communauté mondiale de la liberté de la presse à l’occasion d’un événement célébrant le 30e anniversaire dans la salle de l’Assemblée générale des Nations Unies le 2 mai. Le programme a été inauguré par Audrey Azoulay, Directrice générale de l’UNESCO, et par un discours d’Antonio Guterres, Secrétaire général de l’ONU.

Parmi les principaux orateurs figuraient les éditeurs du New York Times, A.G. Sulzberger, et du Wall Street Journal, Almar Latour, des dirigeants d’organisations mondiales de défense des droits de l’homme, Amnesty International et la Fédération internationale des droits de l’homme, ainsi que Samantha Power, administratrice de l’USAID. Parmi les autres intervenants figuraient d’éminents journalistes, des défenseurs de la liberté de la presse, des représentants gouvernementaux et des dirigeants de médias du monde entier.

La crise climatique, la guerre et les inégalités croissantes ne sont que quelques-unes des crises existentielles et interdépendantes auxquelles nous sommes confrontés aujourd’hui. La liberté de la presse a été emportée dans cette tornade d’atteinte aux droits humains, les médias et les journalistes étant de plus en plus attaqués. Alors que nous nous réunissons à l’occasion du 30e anniversaire de la Journée mondiale de la liberté de la presse et du 75e anniversaire de la DUDH cette année, ne nous contentons pas de réaffirmer les principes qui renforcent le journalisme indépendant, mais veillons à ce qu’ils soient adaptés au monde dans lequel nous vivons. 

Agnés CallamardSecrétaire générale, Amnesty International

Prix mondial de la liberté de la presse UNESCO-Guillermo Cano

Niloofar Hamedi, Elaheh Mohammadi et Narges Mohammadi ont été nommés lauréats du Prix mondial de la liberté de la presse UNESCO-Guillermo Cano 2023, sur recommandation d’un jury international de professionnels des médias. La cérémonie de remise du Prix s’est déroulée le 2 mai au siège de l’ONU à New York, pour clore le 30e anniversaire de la Journée mondiale de la liberté de la presse.