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Une planète saine pour des populations en bonne santé : un nouveau cours en ligne de l'UNESCO se présente l'approche "Une seule santé" dans les réserves de biosphère

A hands protecting plant growing on soil

Avec cinq nouvelles maladies émergentes découvertes chaque année, le risque de pandémie augmente. Selon le rapport « Biodiversité et Pandémies » publié par la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) en 2020, notre modèle inchangé de destruction de la biodiversité et des habitats des espèces a entraîné une augmentation de 30 % des maladies émergentes depuis 1960. 

La relation entre la santé de la planète et celle des animaux et des humains est au cœur de l'approche "One Health" qui sera explorée dans un nouveau cours en ligne ouvert et massif (MOOC) qui débutera le 3 avril 2023 et sera dirigé par le professeur Serge Morand du Centre national de recherche scientifique (CNRS) de France. L’écologue français de renommée internationale exposera les concepts, les données et les méthodologies disponibles à l'échelle mondiale, en donnant des exemples concrets de sites désignés par l'UNESCO, notamment des réserves de biosphère. 

Les objectifs de ce MOOC sont les suivants :

  • présenter les concepts scientifiques reliant des écosystèmes sains à des communautés humaines en bonne santé ; 

  • fournir des outils et des cadres d’analyse permettant de visualiser les solutions de restauration des écosystèmes afin de les rendre plus résilients ;

  • partager les bonnes pratiques et les solutions innovantes des réserves de biosphère désignées par l'UNESCO ; 

  • fournir aux communautés, aux décideurs politiques et aux parties prenantes les connaissances et les méthodologies nécessaires pour créer de meilleures formes de gouvernance protégeant les territoires contre les risques émergents. 

Disponible en anglais, français et espagnol, ce MOOC est proposé par le Réseau pour la Terre de l'UNESCO avec le soutien généreux du gouvernement italien, en partenariat avec ​​​​​​​SDG Academy.

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Ce cours de 10 semaines sera lancé le 3 avril 2023 et sera proposé GRATUITEMENT via SDG Academy sur la plateforme edX. Animé grâce au soutien d’un assistent d’enseignement, il comprend des sessions de questions-réponses avec le professeur Serge Morand à la fin de chaque module. Le matériel de cours sera disponible chaque semaine au fur et à mesure de la progression du cours. 

Tous les apprenants pourront recevoir gratuitement un "certificat d'achèvement" délivré par l'UNESCO une fois le cours terminé. 

« Conserver la biodiversité est impératif pour assurer la santé mondiale »

L'approche « Une seule santé (One Health) est un concept développé par des scientifiques et des organisations internationales pour expliquer l'interdépendance entre la santé humaine et celle des animaux et des écosystèmes en général. 

Selon l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), l'Organisation mondiale de la santé animale (OIE), le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) et l'Organisation mondiale de la santé (OMS), « Le principe « Une seule santé » consiste en une approche intégrée et unificatrice qui vise à équilibrer et à optimiser durablement la santé des personnes, des animaux et des écosystèmes. Il reconnaît que la santé des humains, des animaux domestiques et sauvages, des plantes et de l’environnement en général (y compris des écosystèmes) est étroitement liée et interdépendante ».  

Cette approche démontre que les services écosystémiques ont une influence fondamentale sur la santé physique et mentale de l'homme, tels que l'alimentation, l'air pur, l'eau douce et la régulation des maladies, entre autres. 

Nous n'avons qu'une seule planète. Pas une pour la nature et une autre pour les êtres humains. La pandémie nous a montré notre interdépendance avec le monde vivant. La biodiversité, la crise climatique et le bien-être sont tous interconnectés.

Audrey Azoulay, Directrice générale de l'UNESCO

Le lien inextricable entre l'homme et la nature fait l'objet d'une attention croissante, en particulier depuis l'apparition de la pandémie de COVID-19 et son lourd tribut et impact sur le bien-être humain. Pour ne citer qu'un exemple concret, les zones protégées et les politiques réduisant l'exploitation non durable et la dégradation des zones à forte biodiversité permettent de limiter les contacts entre la faune et les humains et empêchent la propagation de nouveaux agents pathogènes (rapport IPBES sur les pandémies, 2020). 

Les réserves de biosphère, des plateformes de collaboration pour mettre en œuvre l’approche « Une seule santé »

Le MOOC porte une attention particulière aux études de cas et aux bonnes pratiques des réserves de biosphère pouvant être partagées avec les sites désignés par l'UNESCO et au-delà. Il s'agit de zones dont la valeur est reconnue en termes de biodiversité et qui comptent un ensemble important d'instruments juridiques, de réseaux et d'initiatives. Réconcilier les humains entre eux et avec le vivant afin de restaurer une relation saine et harmonieuse avec la nature sont des éléments au coeur du travail de l'UNESCO sur la biodiversité. 

L'un des exemples utilisés dans le MOOC provient de la réserve de biosphère du Riding Mountain au Canada. 

La lutte contre la tuberculose bovine dans la Réserve de biosphère du Mont-Riding

La Réserve de biosphère de Riding Mountain (RMBR) englobe le parc national de Riding Mountain, entouré d'une zone largement développée pour la culture de céréales et l'élevage de bétail. À la fin des années 1990, la tuberculose bovine (TB), qui peut affecter à la fois les humains et les animaux, a été détectée dans les troupeaux de bovins, les cerfs et les élans de la région. La maladie s'est propagée parce que les élans se nourrissent dans les pâturages partagés et se nourrissent des balles rondes (balles de foin sec) utilisées par le bétail.  

Dans le but d'éradiquer une forme de tuberculose bovine transmissible aux humains, le RMBR a créé dès l’année 2000 un groupe de travail composé d'intervenants représentant des organismes gouvernementaux fédéraux, provinciaux et locaux, des éleveurs de bovins, des propriétaires fonciers, des associations touristiques, Parks Canada et le conseil tribal régional. Grâce à leur expérience et à leurs connaissances collectives, les membres du groupe de travail ont obtenu un consensus au sein de la communauté pour co-construire un plan d'action qui contenait plusieurs recommandations visant à stopper la propagation de la maladie : création de clôtures et introduction de chiens de protection du bétail pour réduire les contacts entre animaux domestiques et animaux sauvages, tests sur les cerfs et les wapitis, ainsi que des feux dirigés pour régénérer les terres des prairies.  

Ce travail collectif pionnier et de longue durée a conduit à ce que la tuberculose ne circule plus activement dans le RMBR et fasse l'objet d'un suivi attentif de la part de la communauté, principalement en se concentrant sur la réduction des contacts entre les animaux sauvages et le bétail domestique et en minimisant le regroupement cerfs-élans, qui se produit lorsque les deux espèces se nourrissent des balles de fourrage récoltées. Ces actions contribuent à l'ODD 3 (bonne santé et bien-être) en réduisant l'incidence potentielle de la tuberculose. 

Buffalo in Riding Mountain Biosphere Reserve, Canada
Bovine TB is no longer actively circulating in the Riding Mountain Biosphere Reserve and is being carefully monitored by the community

À propos de Serge Morand

Le Dr Serge Morand (CNRS / CIRAD) est l'un des pionniers et des plus grands experts de la recherche sur l’approches  « Une seule santé » et les domaines qui lui sont liés. Actuellement basé en Asie du Sud-Est, il concentre ses recherches sur l'écologie évolutive de la transmission des maladies avec des applications en écologie de la santé, et mène des recherches sur le terrain en Thaïlande, au Cambodge, en République démocratique populaire lao, au Viêt Nam et aux Philippines. Il y a mené plusieurs projets portant sur l'impact des changements globaux, y compris les changements climatiques et d'utilisation des sols, sur les liens entre la biodiversité, la santé et les sociétés de la région, en utilisant les maladies transmises par la faune sauvage comme modèle. Il est l'auteur de plus de 700 articles scientifiques. 

Plus récemment, il a apporté son soutien scientifique au film La fabrique des pandémies, réalisé par Marie Monique Robin, sorti en 2022. 

Notes

[1] Source: World Health Organization (WHO)