Projet

Who's Who des femmes scientifiques au Maghreb

Un répertoire d’expertes pour promouvoir la diversité
8 mars

À l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes (8 mars), le Bureau régional de l’UNESCO pour le Maghreb lance un appel à manifestation pour recueillir les profils inspirants de femmes scientifiques dans les pays de la région (Algérie, Libye, Maroc, Mauritanie et Tunisie). Cette action vise à mettre en lumière leurs contributions exceptionnelles et à assurer une meilleure représentation des femmes dans les activités relatives au domaine des sciences dans la région.

Intitulée « Who’s Who des femmes scientifiques au Maghreb », cette démarche novatrice vise à offrir une base de données publique présentant des femmes scientifiques reconnues dans leur domaine, favorisant ainsi leur représentation dans les publications et les événements scientifiques et renforçant leur rôle en tant que modèles pour les futures générations.

Conditions d'éligibilité et procédure de candidature

Pour être éligibles à figurer sur cette base de données, les femmes scientifiques doivent posséder la nationalité d'un des pays du Maghreb couverts par le Bureau régional de l’UNESCO pour le Maghreb (Algérie, Libye, Maroc, Mauritanie ou Tunisie) et résider dans l'un de ces pays.

De plus, elles doivent remplir les critères suivants :

  • Être âgée d'au moins 25 ans.

  • Être titulaire d'un diplôme supérieur dans un domaine scientifique.

  • Avoir une expérience professionnelle d'au moins deux ans dans le domaine de la recherche scientifique ou de l'enseignement supérieur.

  • Avoir réalisé des travaux de recherche significatifs ou publié des articles scientifiques dans des revues de renom.

Les candidates intéressées ou bien leurs marraines/parrains sont invitées à remplir le formulaire de candidature disponible sur Google Forms en cliquant sur ce lien.

La base de données sera développée progressivement sur plusieurs années et sera disponible pour toutes celles et ceux qui souhaiteront enrichir leurs événements, leurs publications ou leurs autres activités de nature scientifique.

La promotion des femmes dans la science, une nécessité pour un avenir équitable

Malgré les progrès réalisés en matière d'égalité des sexes, les femmes demeurent en effet largement sous-représentées dans de nombreux domaines professionnels, notamment dans le domaine des sciences. Cette disparité compromet non seulement la diversité des perspectives, mais aussi l'efficacité et la pertinence de la recherche scientifique.

Selon les statistiques les plus récentes de l’UNESCO, seulement un chercheur sur trois dans le monde est une femme, ce qui est d’autant plus étonnant lorsque l’on considère le pourcentage très élevé de femmes qui obtiennent des diplômes universitaires scientifiques. Seuls 4% des prix Nobel scientifiques ont été décernés jusqu’à présent à des femmes.

Ainsi, la promotion de la participation des femmes dans les sciences est bien plus qu'une question de justice sociale ; c'est une nécessité pour garantir un avenir scientifique équitable, innovant et prospère pour toutes et tous.

En quête d'égalité : Le parcours des femmes scientifiques au Maghreb

Au sein de la région du Maghreb, comme partout dans le monde, le paysage de la participation des femmes dans le domaine scientifique présente des disparités significatives malgré tous les progrès réalisés en la matière. En effet, si l'accès des filles à l'éducation s'est considérablement amélioré ces dernières décennies, leur présence dans les filières scientifiques et leur représentation dans les carrières de recherche demeurent limitées.

En se référant au Rapport de 2018 de l'UNESCO sur la participation des femmes aux études et aux carrières scientifiques, les données spécifiques au Maghreb révèlent une sous-représentation significative des femmes dans le domaine scientifique. À titre d’exemple, au Maroc, bien que les femmes constituent 46% des étudiants en sciences, leur présence dans le domaine de la recherche scientifique ne dépasse pas 29%. Cette tendance est particulièrement notable dans des domaines clés tels que la physique, l'ingénierie et les technologies de l'information et de la communication.

Les chiffres sont similaires en Algérie, où les femmes représentent près de la moitié des étudiants en sciences mais environ 28% des chercheurs scientifiques, ou encore en Tunisie, où 45% des étudiants en sciences sont des femmes mais seulement 31% des chercheurs scientifiques.

Défis et obstacles rencontrés par les femmes scientifiques au Maghreb

Comme partout ailleurs dans le monde, la sous-représentation des femmes maghrébines dans les études et les carrières scientifiques est le résultat d'une série de défis complexes. Outre les stéréotypes de genre, les femmes sont confrontées à des obstacles socio-économiques qui limitent leur accès et leur progression dans les domaines des sciences, de la technologie, de l'ingénierie et des mathématiques (STEM). Les attentes sociales et les pressions culturelles influencent les choix éducatifs des filles dès leur jeune âge, restreignant souvent leurs aspirations professionnelles dans les domaines scientifiques.

Ces divers facteurs contribuent à créer un environnement où les femmes du Maghreb, tout comme leurs consœurs d’autres pays, rencontrent des défis persistants pour accéder et réussir dans les domaines scientifiques. Pour promouvoir une participation équitable et enrichir la diversité dans les sciences, il est donc crucial d'identifier et d'aborder ces obstacles de manière systématique et inclusive.

Appel à une meilleure représentation féminine

La sous-représentation persistante des femmes dans les domaines scientifiques au Maghreb se traduit par conséquent par leur absence notable au sein des colloques, des publications et autres événements scientifiques. Qui d’entre nous n’a pas regretté d’écouter ou de participer à des panels qui ne rassemblaient que des hommes ?

Cette disparité entraîne des conséquences significatives sur la diversité des perspectives et la qualité de la recherche dans la région. Les expériences et les idées des femmes diffèrent souvent de celles de leurs homologues masculins, enrichissant ainsi le débat scientifique et conduisant à des avancées plus complètes et nuancées dans la recherche. Lorsque les femmes sont sous-représentées, cela crée un déséquilibre dans la manière dont les problèmes sont abordés et les solutions proposées, limitant ainsi le potentiel d'innovation et de découverte.

Par ailleurs, l'exclusion des femmes au sein des colloques et des publications scientifiques perpétue les inégalités de genre dans le domaine académique. Ces espaces sont souvent dominés par des chercheurs hommes, favorisant ainsi la reproduction de normes et d'idées préconçues maintenant les femmes à la périphérie de la science. Cette situation peut également dissuader les jeunes femmes de se lancer dans une carrière scientifique, créant ainsi un cercle vicieux où la sous-représentation des femmes persiste et se transmet aux générations futures.

Pour progresser vers une science plus inclusive et innovante, il est impératif de créer des espaces où les femmes sont représentées équitablement et où leurs contributions exceptionnelles sont valorisées et peuvent favoriser le développement de la science pour le bien de l’humanité.

L'égalité des genres et la promotion des femmes scientifiques au cœur du mandat de l’UNESCO

L'UNESCO s'engage activement à promouvoir l'égalité des genres dans le domaine scientifique à travers diverses initiatives. A titre d’exemple, l'UNESCO travaille au Maroc en partenariat avec la Fondation l’Oréal depuis plus de 15 ans pour aider à autonomiser davantage de femmes scientifiques au Maghreb afin qu'elles atteignent l'excellence scientifique et participent de manière égale à la résolution des grands défis auxquels l'humanité est confrontée.

En 2023, cinq candidates (doctorantes et post-doctorantes) ont été sélectionnées au Maghreb par l’UNESCO et la Fondation L’Oréal. Provenant d’Algérie, de Tunisie et du Maroc, et issues de domaines de recherche très divers, ces scientifiques prometteuses se sont vu attribuer chacune une dotation de 10 000 €, ce qui leur apportera un soutien important à un moment charnière de leur carrière scientifique. De plus, le prix les aidera à poursuivre leurs travaux de recherche et à transmettre leur passion pour la science, afin d’inspirer les scientifiques de demain.

 

 

Contacts :

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