Ce qu'il faut savoir sur l'éducation à la citoyenneté mondiale

Pendant des siècles, les aspirations communes au respect mutuel, à la paix et à la compréhension ont été reflétées dans des concepts traditionnels à travers les cultures et les civilisations - de « l'ubuntu » (je suis grâce à ce que nous sommes tous) dans la philosophie africaine au « sumak kawsay » (l’harmonie au sein des communautés, de nous-mêmes et de la nature) dans la langue quechua. Bien que l'expression « éducation à la citoyenneté mondiale » n'ait été inventée qu'en 2011, les valeurs qu'elle représente sont au cœur de la mission de l'UNESCO depuis sa création en 1947.

En construisant la paix par l'éducation et en rappelant à l'humanité nos liens communs, l'UNESCO a longtemps défendu les idées aujourd'hui formalisées sous le nom d'éducation à la citoyenneté mondiale (ECM). Alors que notre monde devient de plus en plus interdépendant, l’ECM est plus vitale que jamais pour la solidarité internationale et pour encourager les apprenants de tous âges à contribuer positivement à leurs communautés locales et mondiales. Mais qu'est-ce que l’ECM exactement, pourquoi est-elle importante aujourd'hui et comment l'UNESCO conduit-elle ce mouvement ?

Contrairement à la citoyenneté - droits particuliers, privilèges et responsabilités liés à « l'appartenance » à une nation ou à un État -, le concept de citoyenneté mondiale repose sur l'idée que nous sommes liés non seulement à un pays, mais aussi à une communauté mondiale plus vaste. En contribuant positivement à cette communauté, nous pouvons également influencer le changement aux niveaux régional, national et local. Les citoyens du monde n'ont pas de passeport ou de titre officiel, pas plus qu'ils n'ont besoin de voyager dans d'autres pays ou de parler d'autres langues pour être citoyens du monde. Il s'agit plutôt d'un état d'esprit et d'actions concrètes qu'une personne entreprend au quotidien. Un citoyen du monde comprend comment le monde fonctionne, apprécie les différences entre les personnes et travaille avec d'autres pour trouver des solutions à des défis de trop grande envergure pour une seule nation.

La citoyenneté et la citoyenneté mondiale ne s'excluent pas l'une de l'autre. Au contraire, ces deux concepts se renforcent mutuellement.

Sur le plan économique, environnemental, social et politique, nous sommes plus que jamais liés aux autres habitants de la planète. Avec les transformations que le monde a connues au cours des dernières décennies - expansion de la technologie numérique, voyages et migrations internationales, crises économiques, conflits, dégradation de l'environnement - notre façon de travailler, d'enseigner et d'apprendre doit également changer. L'UNESCO promeut l'éducation à la citoyenneté mondiale pour aider les apprenants à comprendre le monde qui les entoure et à travailler ensemble pour résoudre les grands problèmes qui affectent chacun d’entre nous, d'où qu’il vienne.

L’ECM consiste à enseigner et à apprendre à devenir ces citoyens du monde qui vivent ensemble en paix sur une même planète. Qu'est-ce que cela implique ?

• L'adaptation des programmes et du contenu des cours afin de fournir des connaissances sur le monde et sur la nature interconnectée des défis et des menaces contemporains. Entre autres, une compréhension approfondie des droits humains, de la géographie, de l'environnement, des systèmes d'inégalités et des événements historiques qui ont sous-tendu les développements actuels ;

• Favoriser les compétences cognitives, sociales et autres pour mettre les connaissances en pratique et les adapter aux réalités des apprenants. Par exemple, penser de manière critique et poser des questions sur ce qui est équitable et juste, prendre et comprendre d'autres perspectives et opinions, résoudre les conflits de manière constructive, travailler en équipe et interagir avec des personnes de milieux, d'origines, de cultures et de perspectives différents ;

• Inculquer des valeurs qui reflètent la vision du monde et donnent un but, telles que le respect de la diversité, l'empathie, l'ouverture d'esprit, la justice et l'équité pour tous ;

• Adopter des comportements pour agir selon les valeurs et les convictions : participer activement à la société pour résoudre les défis mondiaux, nationaux et locaux et œuvrer pour le bien commun.

L'UNESCO travaille avec les pays pour améliorer et réorienter leurs systèmes éducatifs afin qu'ils soutiennent la créativité, l'innovation et l'engagement en faveur de la paix, des droits humains et du développement durable. 

• L'UNESCO propose une vision globale de l'éducation dont les apprenants de tous âges ont besoin pour survivre et s'épanouir au 21e siècle. L'une des principales priorités est la mise à jour de la Recommandation sur l’éducation pour la compréhension, la coopération et la paix internationales et l’éducation relative aux droits de l’homme et aux libertés fondamentales, le document qui sous-tend ce travail.

• Soutient l'élaboration de programmes d'études et d’outils pédagogique sur les thèmes de la citoyenneté mondiale, adaptés à divers contextes culturels. Parmi de nombreux exemples, citons le document d'orientation générale sur les objectifs d'enseignement et d'apprentissage de l'éducation à la citoyenneté mondiale ou les recommandations sur l'intégration des principes d'apprentissage social et émotionnel dans le processus éducatif.

• Étudie l'impact positif de l'apprentissage dans tous les domaines et établit des liens entre les secteurs et les sphères. L'un des principaux domaines d'action est le cadre pour l'éducation culturelle et artistique, dans lequel l'UNESCO souligne l'impact positif de l'apprentissage des arts et par les arts sur les résultats scolaires, l'acquisition de différentes compétences et un plus grand bien-être, ainsi que sur l'élargissement des horizons.

• Collabore avec des partenaires dans le cadre des programmes de l'UNESCO et du système des Nations Unies dans son ensemble pour faire face aux menaces contemporaines qui pèsent sur les droits humains et la paix et pour intégrer les principes de compréhension, de non-discrimination et de respect de la dignité humaine dans l'éducation. L'UNESCO dirige notamment les efforts mondiaux en matière d'éducation pour contrer les discours de haine en ligne et hors ligne, lutter contre l'antisémitisme, combattre le racisme, informer sur les violations des droits humains et les passés violents.

• Contrôle la manière dont les valeurs fondamentales de l'éducation à la citoyenneté mondiale sont reflétées et soutenues par les politiques éducatives et les programmes scolaires afin de les mettre en œuvre de manière efficace. Par exemple, en collectant des données mondiales sur cet indicateur tous les quatre ans au moyen d'un questionnaire d'enquête conçu pour la recommandation de 1974.

• Promeut la collaboration internationale dans le domaine de l'éducation par l'intermédiaire des chaires UNESCO/Programme UNITWIN et du réseau des écoles associées de l'UNESCO, qui relie plus de 12 000 établissements d'enseignement dans le monde entier.

L'éducation de qualité fait partie des 17 objectifs de développement durable proposés par les Nations unies, où l’ECM est mentionnée comme l'un des domaines que les pays doivent promouvoir. Tout en menant les efforts mondiaux pour atteindre cet objectif, l'UNESCO considère l'éducation comme le principal moteur du développement humain qui peut accélérer les progrès vers la justice sociale, l'égalité des sexes, l'inclusion et d'autres objectifs. 

L'UNESCO est convaincue que seule une éducation qui offre une vision globale avec une profonde appréciation des perspectives locales peut répondre aux défis transversaux d'aujourd'hui et de demain. Cette vision est réaffirmée dans la Déclaration d'Incheon faite en 2015 lors du Forum mondial sur l'éducation et est reflétée dans le rapport de l'UNESCO sur l'avenir de l'éducation.

D'après les éléments factuels que l'UNESCO a accumulés sur l'impact de l’ECM, les apprenants qui bénéficient d'une telle éducation dès les premiers stades sont moins enclins aux conflits et sont plus disposés à les résoudre pacifiquement tout en respectant les différences de chacun. L’ECM s'est également avérée efficace dans la transformation post-conflit. Par exemple, le fait de discuter des causes profondes des violations des droits humains commises dans le passé permet de détecter les tendances alarmantes et de les éviter à l'avenir. 

L’ECM n'est pas une matière unique avec un programme fixe, mais plutôt un cadre, un prisme à travers lequel l'éducation est perçue. Elle peut être enseignée comme partie intégrante de matières existantes - de la géographie aux études sociales - ou indépendamment. L'UNESCO soutient la diffusion de l’ECM à différents niveaux et dans de multiples domaines de la vie au-delà de la salle de classe.

• Au niveau politique : les gouvernements peuvent élaborer des stratégies et des cadres nationaux qui reconnaissent l'importance de comprendre les problèmes locaux dans une perspective mondiale plus large et de donner la priorité aux programmes d'éducation qui reflètent cette vision. 

• En classe : les enseignants peuvent intégrer des contenus et des supports qui sensibilisent aux questions mondiales et à la compréhension interculturelle. Par exemple, en géographie, les élèves peuvent s'informer sur le changement climatique et la répartition des ressources. En sciences sociales, ils découvrent comment la dégradation de l'environnement influe sur les droits de l'enfant dans le monde. En sciences, ils découvrent comment les arbres absorbent le carbone de l'atmosphère grâce à la photosynthèse et peuvent contribuer à lutter contre le changement climatique. Les enseignants peuvent également confier aux élèves un projet de groupe dans le cadre duquel ils devront concevoir une campagne de lutte contre le changement climatique dans leur communauté locale.

• En dehors de l'école : les musées et les institutions culturelles peuvent concevoir des expositions et du matériel pédagogique qui inspirent la citoyenneté mondiale. Les programmes d'échange permettent aux jeunes d'élargir leurs horizons en visitant d'autres communautés et d'autres pays.