Raviver la culture de Beyrouth

#PourBeyrouth

Ville millénaire, Beyrouth est un symbole culturel de la Méditerranée. Ses quartiers historiques témoignent de la richesse des civilisations du passées, ayant marqué les rues du Beyrouth moderne. Les deux explosions du port ont endommagé quelque 640 bâtiments du patrimoine, dont 60 étaient gravement détériorés.

L’UNESCO a fait le pari audacieux de rendre compte de la destruction du patrimoine culturel et architectural de Beyrouth dans les moindres détails. Financé par le Fonds d’urgence pour le patrimoine de l’UNESCO, ce projet de documentation, lancé en septembre 2020, a été mené à bien par la start-up française ICONEM, en étroite collaboration avec la Direction générale des antiquités (DGA) libanaise. Avec plus de 100 000 images, il a permis la création d’un modèle 3D géoréférencé de la capitale libanaise, un élément crucial pour la reconstruction de la ville. Ce projet de documentation fut également l’occasion de former de jeunes archéologues de la DGA à cet exercice périlleux.

« Le jour de l’explosion, c’était comme si une véritable bombe nucléaire avait explosé au cœur de la ville. Tous les bâtiments que nous nous étions efforcés de préserver depuis 20 ans avaient disparu ! Avec le recul, ce que nous avons pu accomplir jusqu’ici est extraordinaire, mais chaque centime et chaque coup de main peut avoir un impact sur l’avenir. »

Sarkis KhouryDirecteur de la Direction générale des antiquités (DGA)

Notre action pour la culture en chiffres

13
Bâtiments historiques

sauvegardés

17
Œuvres d’art

restaurées

« Ce quartier était en quelque sorte, le dernier bastion de Beyrouth encore intact et riche en patrimoine. Si nous ne voulons pas nous retrouver avec une ville fantôme, chaque Libanais(e) doit aider à reconstruire les maisons de Beyrouth, à sa manière. Pour sa ville, son tissu historique, son patrimoine. C’est tout ce qu’il reste ».

Joe KallasArchitecte restaurateur

Dans les quartiers de Rmeil, Medawar et Saifi, l’UNESCO a identifié des bâtiments historiques prioritaires risquant l’effondrement, un risque auquel s’ajoute la gentrification. Le Fonds d’urgence pour le patrimoine de l’UNESCO a alors financé la stabilisation de deux bâtiments, dont la célèbre Villa Boustani, maison des Arts. Avec le soutien financier de l’Allemagne, l’UNESCO a réussi à stabiliser et à étayer 12 bâtiments du patrimoine.

« Ma maison était tout pour moi, j’aurais préféré mourir. Aujourd’hui, je nourris le maigre espoir de rentrer chez moi, et je ne veux que le strict nécessaire. Quelques meubles suffiront... »

Hala BoustaniUne octogénaire rescapée de la double explosion

Situé à Achrafieh, le musée Sursock est l’un des rares monuments de Beyrouth présentant l’architecture libanaise des XVIIIe et XIXe siècles brassant les styles vénitien et ottoman. Le gouvernement italien et l’UNESCO ont signé un accord de financement d’un million d’euros pour soutenir la réhabilitation et la réouverture du musée. Cela permettra de préserver le patrimoine et les collections du musée et de les mettre à la disposition du public afin qu’ils puissent jouer un rôle éducatif fondamental dans le tissu urbain et les quartiers historiques dynamiques de la capitale.

Sursock_musée

« La coopération italienne et le soutien de l’UNESCO pour la reconstruction du musée sont inestimables. Ils permettront à Beyrouth et à ses citoyens de se réapproprier un espace qui est devenu une seconde maison pour tant de personnes du secteur culturel et de la communauté locale au sens large, un espace dont le but est de promouvoir l’ouverture et de soutenir la création de connaissances. »

Zeina AridaDirectrice du musée Sursock

La double explosion a quasiment provoqué l’effondrement du secteur culturel et artistique tout entier. Qu’il s’agisse des cinémas, galeries, théâtres, musées, établissements d’enseignement, studios d’enregistrement et espaces culturels, les dégâts considérables ont paralysé la vie culturelle de Beyrouth. Une génération talentueuse de jeunes artistes libanais n’avait plus qu’un seul espoir, celui de partir. Début 2021, l’UNESCO a monté un projet unique visant à relancer la vie culturelle de la ville : le festival TERDAD (RÉSONNANCE), soit trois jours d’activités culturelles publiques organisées dans quatre lieux dévastés emblématiques au cœur de Beyrouth, dont le musée Sursock. L’événement a offert un programme unique, coproduit par cinq associations culturelles locales proposant différentes disciplines artistiques, grâce au soutien du Fonds d’urgence pour le patrimoine de l’UNESCO, de l’Islande et du Koweït. TERDAD a marqué la reprise de l’activité créative dans la ville, si indispensable au retour du sentiment de normalité et du sens de la vie.

« En 15 ans, nous n’avions jamais cessé nos activités, jusqu’au 4 août 2020, jour où nos locaux, nos projets et nos rêves ont explosé. La diversité culturelle propre au Liban a été frappée. L’initiative de l’UNESCO constituait le cadre nous permettant de travailler ensemble en tant qu’institutions culturelles. TERDAD était l’occasion de constater ce qu’il restait de nous, un bilan post-catastrophe. »

Omar Abi AzarFondateur du théâtre Zoukak

Dans le cadre de son projet de renaissance de la vie culturelle, l’UNESCO a restauré 17 toiles endommagées lors de la double explosion du port. Les travaux de restauration ont été menés par le musée d’art de Beyrouth (BeMA), grâce à une subvention du gouvernement islandais. Ces œuvres sont toutes signées par des artistes libanais de renom tels que Jamil Molaeb, Hussein Madi, Amine El Basha, Shawki Chamoun, Paul Guiraguossian, Rafik Majzoub, Edgar Mazigi, Nizar Daher, Hassan Jouni et Bibi Zoghbe. Certaines pièces appartiennent à la collection BeMA - ministère de la Culture exposée au Grand Serail, et d’autres proviennent de galeries locales et de collections privées.

Libeirut_artwork_restoration
Culture #PourBeyrouth

L’UNESCO a organisé trois débats virtuels RésiliArt dans le cadre de son action #PourBeyrouth afin de mobiliser le soutien en faveur de la reconstruction de la capitale libanaise, dévastée par une double explosion dans son port, le 4 août 2020.

Launching of Resiliart and The Tracker Culture & Public Policy

Grand centre de production et de diffusion littéraire, avec son Salon du livre francophone, Beyrouth a été désignée par l’UNESCO ville créative de littérature en 2019. Les membres du Réseau des villes créatives de l’UNESCO travaillent ensemble et se soutiennent mutuellement, en particulier dans les moments difficiles. Depuis le lancement de l’initiative LiBeirut, différentes villes créatives à travers le monde, dont Buenos Aires (Argentine), Montréal (Canada), Sharjah (Émirats arabes unis), Llíria (Espagne), Angoulême (France), Enghien-les-Bains (France) et Zahlé (Liban) ont mis en place des initiatives de solidarité et de soutien pour Beyrouth, lancé des campagnes de collecte de fonds, fait des dons de nourriture et de médicaments, et organisé des activités culturelles et éducatives mettant en valeur le patrimoine culturel, la créativité et le paysage dynamiques de Beyrouth.

Le secteur culturel libanais en crise

À plus long terme, il est impératif de soutenir les activités culturelles afin d’assurer une reprise durable du secteur culturel autrefois en plein essor.
The Lebanese cultural sector in crisis: leveraging culture for solidarity and recovery
UNESCO
2020
UNESCO
0000374307