Ukrainian refugee children in Poland

Quelles mesures éducatives face à la crise migratoire ukrainienne ?

Depuis le début de la guerre le 24 février 2022, plus de 7 millions de personnes ont fui l'Ukraine, dont un nombre estimé d'enfants important.

Aperçu Régional

En tant qu'agence onusienne dédiée à la coordination et au suivi des progrès vers l'ODD 4, l'UNESCO a travaillé avec le HCR et le Centre Technique Régional d'Education des Réfugiés pour l'Ukraine afin d'évaluer la mesure dans laquelle les réfugiés sont inclus dans les politiques éducatives et systèmes de données correspondants au sein de leurs pays d'accueil, le tout dans l’optique de contribuer aux efforts mondiaux visant à renforcer l'inclusion des réfugiés. Elaborée à partir d’un examen poussé, cette cartographie met en évidence les politiques publiques adoptées dans les sept pays d’accueil de réfugiés ci-dessous en matière d’éducation et de données éducatives correspondantes répondant aux besoins des réfugiés ukrainiens. Elle vise en particulier à mettre en lumière les pratiques prometteuses et lacunes identifiées dans ces pays : 

Bulgarie | Hongrie | Pologne | République de Moldova | Roumanie | Slovaquie | Tchéquie

34%
des réfugiés ukrainiens environ seraient des enfants
Intentions de déménagement

Au début de l'année 2023, la majorité des réfugiés ukrainiens ont fait part de leur intention de rester dans leur pays d'accueil durant les trois prochains mois.

Population de réfugiés vs. nombre d'enfants réfugiés (3-17)

Les chiffres sont exacts en novembre 2023 et sont basés sur des estimations du pourcentage d'enfants sur la population réfugiée ukrainienne totale.

Population de réfugiés vs. nombre d'enfants réfugiés

Aperçu de la Réponse Politique

Le 4 mars 2022, le Conseil de l'Union Européenne a adopté à l'unanimité la décision d'exécution du Conseil (UE) 2022/382 conformément à l'article 5 de la directive 2001/55/CE, permettant aux États membres de l'UE d'accorder un statut de protection temporaire aux personnes déplacées d'Ukraine. Bien que la République de Moldova ne soit pas un État membre de l'UE, ses autorités ont mis en œuvre des mesures alignées sur la réponse de l'UE pour fournir une protection temporaire aux Ukrainiens. 

D'après l'article 14 de la directive, toute personne de moins de 18 ans bénéficiant d'une protection temporaire a le droit d'accéder au système éducatif national au même titre que les ressortissants nationaux. Conformément à la directive, chaque pays (y compris la République de Moldova) a adopté des politiques visant à garantir l'accès des Ukrainiens à l'éducation. Les gouvernements ont également mis en place des politiques et des orientations visant à garantir la sécurité, la qualité et la continuité de l'enseignement pour les étudiants ukrainiens. La figure ci-dessous affiche les résultats d’une cartographie de politiques publiques adoptées par chaque pays et des sources de données relatives à ces mesures. 

Trajectoire d'inclusion des réfugiés ukrainiens au regard des politiques publiques nationales en vigueur 

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Pratiques Politiques Prometteuses

Dans tous les pays étudiés, les enfants ukrainiens peuvent s'inscrire au sein du système éducatif national. De manière générale, la Constitution ou des lois nationales relatives à l’éducation, complémentées par des décrets et arrêtés ministériels fixant entre autres les procédures d'inscription, garantissent ce droit. 

Plusieurs pays ont adopté des mesures visant à faciliter l'inscription de part un assouplissement des exigences en matière de documentation ou encore la fourniture de lignes directrices pour déterminer le niveau des élèves et les placer dans une classe appropriée. En Bulgarie et en Pologne, en l'absence de documents prouvant que l'étudiant a terminé ses études en Ukraine, le niveau de l’élève (et donc, la classe appropriée) peuvent être déterminés par un entretien avec les autorités régionales ou scolaires. En Roumanie, une commission composée d'inspecteurs scolaires, d'enseignants et d'un psychologue ou conseiller scolaire détermine le placement en fonction de l'âge, du niveau de développement de l’enfant et d’attestations d’études antérieures. D'autres mesures politiques visant à faciliter l'accès à l’éducation comprennent l'augmentation de la capacité des salles de classe pour inclure les apprenants ukrainiens supplémentaires, comme en Pologne, où des orientations ministérielles allant en ce sens ont été adoptées pour les niveaux pré-primaire et primaire. 

Alors que les systèmes nationaux sont soumis à une pression croissante pour accueillir des élèves supplémentaires, plusieurs pays ont pris des mesures proactives priorisant la sécurité des apprenants dans les établissements existants et nouveaux. En Slovaquie, les directives officielles stipulent que les écoles doivent respecter des normes de sécurité minimales lorsqu'elles augmentent leur capacité d'accueil. En Pologne, des sites alternatifs utilisés pour l’éducation des étudiants ukrainiens doivent répondre à des normes minimales en matière d’hygiène et d'infrastructures résistantes aux catastrophes (naturelles), ainsi que des infrastructures d'eau et sanitaires. Dans certains cas, les contraintes de capacité risquent de créer des conditions de sécurité défavorables ; par exemple, la Tchéquie a accordé aux écoles accueillant des élèves ukrainiens des dérogations aux exigences minimales en matière d'hygiène afin que les installations puissent absorber des apprenants supplémentaires.  

D'autres politiques visant à garantir des conditions d'apprentissage sûres pour les apprenants ukrainiens comprennent des dispositions relatives à la santé, à la nutrition et au bien-être. En Hongrie, les bénéficiaires mineurs de la protection temporaire peuvent recevoir des repas gratuits à l’école. En République de Moldova, les directives ministérielles stipulent que les directeurs d'école, les enseignants et les psychologues sont chargés de veiller au bien-être des élèves ukrainiens. 

La plupart des pays d'accueil ont introduit des mesures visant à promouvoir des conditions d'apprentissage de qualité pour les étudiants ukrainiens, en tenant compte de leurs besoins éducatifs spécifiques. En Tchéquie, les directives officielles indiquent que le contenu de l'enseignement et le programme scolaire peuvent être temporairement ajustés pour répondre aux besoins des étudiants ukrainiens, et les enseignants sont encouragés à adapter leurs pratiques d'évaluation pour acclimater progressivement les étudiants au système, par exemple en privilégiant l’évaluation orale aux notes écrites. En outre, les directeurs d'écoles tchèques sont encouragés à favoriser la diversité au sein de leurs classes en plaçant les élèves venant de l’étranger dans des classes n’accueillant pas exclusivement d'autres ressortissants étrangers dans la mesure du possible.   

En Bulgarie, le droit de recevoir un enseignement linguistique gratuit est inscrit dans le cadre juridique national. En Roumanie, les étudiants qui suivent des cours d'initiation linguistique reçoivent des manuels gratuits. Par ailleurs, les apprenants ukrainiens en Roumanie bénéficient d'un accès garanti à un soutien psychosocial fourni par des conseillers scolaires tant qu'ils suivent des cours de langue ou sont inscrits en tant qu'étudiants. En Slovaquie, les étudiants ukrainiens ont accès à des cours de slovaque financés par les autorités régionales. Les directeurs d'école peuvent nommer des instructeurs de langue parmi les employés de l'école ou recruter des candidats externes pour dispenser les cours.     

Pour aider les écoles à dispenser un enseignement de qualité, certains gouvernements ont fourni des fonds et des ressources supplémentaires aux établissements accueillant des apprenants ukrainiens. En Hongrie, au cours de l'année scolaire 2021-2022, une subvention de 130 000 HUF (350 EUR) par mois et par étudiant a été versée aux établissements fournissant au moins 5 heures de soutien personnalisé aux étudiants ukrainiens. En Slovaquie, le ministère de l'Éducation a versé un paiement unique de 200 euros par élève aux écoles primaires et secondaires pour couvrir les coûts des fournitures scolaires et autres dépenses.

Dans l’ensemble des pays de cette étude, les élèves ukrainiens peuvent progresser d’un niveau a l’autre dans l'enseignement général au même titre que les ressortissants nationaux. Dans les contextes où les passages au niveau supérieur dépendent de la validation d'une évaluation, telle qu'un examen de fin d'études primaires ou secondaires, certains pays ont accordé aux apprenants ukrainiens des conditions adaptées pour répondre à leurs besoins éducatifs spécifiques. En Pologne par exemple, les élèves ukrainiens qui passent l'examen de huitième année bénéficient d'un délai rallonge lors de l’examen, d'instructions traduites en ukrainien et de l'utilisation d'un dictionnaire. En Tchéquie, les étudiants ukrainiens qui passent l'examen d'entrée dans l'enseignement secondaire peuvent passer l'épreuve écrite de mathématiques en ukrainien et leur connaissance de la langue tchèque peut être vérifiée par un entretien plutôt que par un examen écrit.  

Dans d'autres cas, les apprenants ukrainiens sont dispensés des exigences qui pourraient empêcher leur passage d'un niveau à l'autre. C'est le cas en Roumanie, où les apprenants ukrainiens peuvent passer en 9e année sans passer l'examen national. En outre, les directives officielles indiquent que le nombre d'inscriptions en 9e année peut dépasser la capacité prédéterminée afin d’accueillir les élèves ukrainiens supplémentaires. 

Les apprenants ukrainiens peuvent obtenir un diplôme et une certification à l'issue de leurs études secondaires dans l’ensemble des pays étudies. Afin de faciliter ce processus pour les étudiants ukrainiens, certains pays ont mis en place des conditions adaptées pour le passage de l'examen national de fin d'études secondaires. En Pologne, les étudiants qui passent l'examen de maturité bénéficient d'adaptations, notamment de la traduction des instructions en ukrainien, d’un délai rallonge lors de l’examen et de la possibilité d'utiliser un dictionnaire. En Tchéquie, les étudiants ukrainiens peuvent utiliser une aide orthographique et un dictionnaire de traduction tchèques et bénéficient d'un délai supplémentaire de 25 % pour passer les examens écrits. En Slovaquie, les étudiants qui ont suivi un enseignement en langue slovaque pendant moins de deux ans peuvent bénéficier d'un délai supplémentaire de 50 % pour passer l'examen de fin d'études. En outre, la plupart des pays ont adopté des mesures favorisant la reconnaissance d’apprentissages antérieurs effectués en Ukraine afin de faciliter l'inscription dans l'enseignement supérieur ou l'accès au marché du travail. 

Les dispositions relatives à l'enseignement supérieur varient d'un pays à l'autre. Si les étudiants ukrainiens sont généralement autorisés à s'inscrire dans les universités, certains gouvernements ont mis en place des mesures pour améliorer l'accès et assurer une transition en douceur. En Hongrie, le sous-programme Students at Risk du programme Stipendium Hungaricum offre des bourses couvrant les frais de scolarité, le logement, l'assurance médicale et une allocation mensuelle aux étudiants ukrainiens qui poursuivent des études dans une université hongroise. En Pologne, les étudiants ukrainiens ont accès aux bourses et aux prêts fédéraux. Les établissements d'enseignement supérieur roumains ont augmenté leur capacité d'accueil de 20 % pour les années universitaires 2021-2022 et 2022-2023 afin d'accueillir les étudiants ukrainiens et sont encouragés à organiser des activités de conseil et d'orientation pour faciliter l'intégration des étudiants ukrainiens dans l'environnement universitaire. 

Taux d’inscription par pays pour l’année scolaire 2023/2024

Les chiffres sont exacts en novembre 2023 et se basent sur des estimations du nombre d'enfants au sein de la population réfugiée ukrainienne par rapport au nombre total d'enfants inscrits à l'école.

Taux d’inscription par pays 2023/2024

Taux d’inscription par pays au fil du temps

Les chiffres sont pour les enfants réfugiés d’âge scolaire (3-17 ans) dans les 7 pays du RRRP sur trois années scolaires.

Taux d’inscription par pays au fil du temps

Obstacles à la scolarisation

Apprentissage en ligne

Certains élèves suivent des cours en ligne via la plateforme de l’école ukrainienne en ligne, dans l’espoir de bientôt rentrer en Ukraine

Barrières de la langue

Les enfants ukrainiens se heurtent aux barrières de la langue, exacerbées par un manque de programmes de soutien linguistique

Capacité d’absorption

Capacité d'absorption limitée dans les écoles de certains pays, comme la Hongrie, la Pologne, la Slovaquie et la Tchéquie.

Pénurie d’enseignants

Les pays sont confrontés à une pénurie de personnel enseignant et à des capacités limitées pour les cours de langue et les classes préparatoires.

Le partage de données actualisées sur les taux de scolarisation est essentiel à la compréhension et au renforcement de la capacité d'absorption des systèmes éducatifs des pays d'accueil, et ainsi, à la planification de la réponse opérationnelle.

Manque de données

Le soutien à l'éducation nécessite des données centralisées et actualisées sur le nombre de réfugiés, leur localisation dans les communautés d'accueil et leurs intentions de déménagement.

  • Des données régulièrement mises à jour sur les inscriptions sont nécessaires, ainsi que leur ventilation par lieu, par niveau scolaire, par groupe d'âge et par sexe. 

  • Les données relatives à l'inscription, à l'assiduité et aux progrès des enfants qui étudient à l'école en ligne ukrainienne ne sont pas disponibles actuellement. 

Les données sur la capacité d'absorption des écoles des pays d'accueil sont actuellement incomplètes. Outre des chiffres relatifs à la disponibilité d’infrastructures physiques, un aperçu exhaustif de la capacité d'absorption nécessitera des informations sur les points suivants: 

  • la capacité du corps enseignant 

  • la disponibilité du matériel et de l'équipement 

  • la capacité des enseignants et des écoles à mettre en œuvre des programmes linguistiques 

Note

L'UNESCO réalise une cartographie des données et des politiques publiques en collaboration avec des organisations partenaires, en tenant compte d’une diversité de sources crédibles. Certaines données se basent sur des estimations. Ces données publiées seront régulièrement mises à jour et n'engagent pas l'Organisation.