Uganda - Health Workers in Luuka

Histoire

En Ouganda, une agente de santé aide les jeunes à accéder à des services de santé essentiels

« Pendant longtemps, les jeunes des communautés situées autour de notre centre de santé ne bénéficiaient pas de services de santé adaptés », explique Maureen Saaba, agente de santé de 33 ans travaillant au Centre de santé de Bulalu, dans le district de Luuka en Ouganda.

Principalement peuplé par des cultivateurs de canne à sucre, Luuka est situé à l’est de Kampala, la capitale du pays. Dans les communautés locales, presque toutes les familles tirent leurs revenus de la culture de la canne à sucre, à laquelle participent également les enfants et les adolescents. Ce travail agricole des enfants et adolescents, associé à d’autres facteurs, fait que la région affiche un fort taux de décrochage scolaire et un nombre élevé de grossesses à l’adolescence. 

En Ouganda, une adolescente sur quatre a un enfant avant l’âge de 18 ans. En outre, la pandémie de COVID-19 a entraîné une hausse des grossesses chez les adolescentes et des nouvelles infections au VIH chez les filles et les jeunes femmes. Ces facteurs font obstacle à l’éducation et à l’émancipation des filles, contribuent à la mauvaise santé des mères et perpétuent le cycle de la pauvreté. D’après un rapport daté de 2020, l’est de l’Ouganda (en particulier la région où se situe le district de Luuka) affiche le plus haut taux de grossesses à l’adolescence chez les filles âgées de 12 à 17 ans du pays. À la date du rapport, le district de Luuka comptait à lui seul plus de 600 cas de grossesse à l’adolescence.

Maureen, une agente de santé de Luuka dévouée à son travail

Depuis trois ans, Maureen consacre son temps à veiller à ce que les jeunes et les autres membres des communautés locales reçoivent les services de santé et les informations dont ils ont besoin pour vivre une vie saine. Son travail au centre de santé de Bulalu comprend par exemple l’organisation de mobilisations et de campagnes de sensibilisation pour faire connaître et promouvoir les services de santé au sein des communautés.

« Je ne disposais pas des connaissances nécessaires pour créer un lien de confiance avec les jeunes », indique Maureen. « Grâce à la formation, j’ai appris à établir le contact avec les adolescents et les jeunes et je sais maintenant comment collaborer avec mes collègues du centre de santé local et les autres acteurs locaux pour créer un environnement sûr et favorable pour les jeunes. » 

En réponse au nombre alarmant de grossesses à l’adolescence dans le district de Luuka, Maureen et 32 autres agents de santé (13 femmes et 19 hommes) ont participé à une formation organisée dans le cadre du projet de coopération entre l’UNESCO et l’Université de Pékin, en collaboration avec le ministère ougandais de la Santé. Cette formation a renforcé la capacité des agents de santé à fournir des services de santé, y compris des services de santé sexuelle et reproductive et de prise en charge des violences fondée sur le genre. 

Pendant la formation, Maureen et ses collègues ont participé à des sessions de jeux de rôle et se sont entraînés à communiquer avec les jeunes pour nouer avec eux un dialogue sécurisant, bienveillant et ouvert. « Je souhaite un bien meilleur avenir pour les jeunes qui ont arrêté l’école, en particulier les adolescentes enceintes que je rencontre au centre de santé », affirme Maureen. « Au moins maintenant, grâce à l’UNESCO, je me sens capable de les accompagner dans les difficultés qu’elles traversent. » 

Uganda - Health Workers in Luuka

Garantir l’accès des jeunes aux services dont ils ont besoin

Mobiliser les jeunes au sujet de leur santé et de leurs droits était une des difficultés auxquelles était confrontée Maureen. En suivant les recommandations données pendant sa formation, Maureen et l’administration du centre de santé ont instauré tous les mardis au centre une « journée des adolescents et adolescentes ». Cette journée est consacrée aux besoins spécifiques des jeunes des communautés locales.

Des espaces spécifiques ont aussi été mis en place au centre de santé pour permettre aux jeunes de bénéficier de consultations privées. Dans ces espaces, Maureen et ses collègues veillent à parler de manière amicale et bienveillante, à garantir la confidentialité des échanges et à fournir aux jeunes les services dont ils ont besoin, parfois même à leurs propres frais.

Maureen explique ainsi que dans le cadre de son travail d’agente de santé, elle se met parfois en quatre pour aider les jeunes à obtenir des médicaments spécifiques, en particulier lorsque le centre de santé ne les a pas à disposition. « Cet effort supplémentaire a permis non seulement d’instaurer un climat de confiance, mais aussi de renforcer les liens et la collaboration entre les agents de santé et les jeunes de la communauté. Ces liens ont joué un rôle essentiel pour faciliter le travail de mobilisation autour de différents services. » 

Hausse du recours aux services de santé adaptés aux jeunes

Grâce aux espaces adaptés et autres initiatives mises en place par Maureen et ses collègues, beaucoup plus de jeunes qu’avant se rendent au centre de santé pour bénéficier de différents services, notamment pour demander des informations sur la santé sexuelle et reproductive. « Le centre de santé a enregistré une hausse de la fréquentation pour des services comme la planification familiale, le dépistage du VIH ou les services de circoncision masculine sûrs », indique Maureen. « J’attribue cela aux connaissances que nous avons acquises pendant la formation, notamment celles liées au travail avec les jeunes de ma communauté. » 

Grâce aux connaissances et aux compétences qu’elle a obtenues avec sa formation, Maureen invite maintenant activement les jeunes de sa communauté de Bukima à se rendre au centre de santé. Elle leur transmet des messages positifs d’espoir et de vie en bonne santé. « Je leur dis surtout d’éviter les pratiques nocives qui nuisent à leur bien-être et mettent en péril leur vie et leur éducation, par exemple les rapports sexuels non protégés, l’usage de substances psychoactives ou le harcèlement d’autres personnes », explique Maureen. « Je souligne l’importance de faire des choix responsables pour obtenir de bons résultats scolaires et s’assurer un avenir en bonne santé. »

La formation d’agents de santé est un des fondements du travail de l’UNESCO pour favoriser des environnements d’apprentissage sûrs et sains dans lesquels tous les jeunes vont à l’école, reçoivent des informations sur leur santé et leurs droits, ont accès au soutien et aux services dont ils ont besoin et peuvent prendre leurs propres décisions.

--

Le projet de coopération entre l’UNESCO et l’Université de Pékin vise à promouvoir la santé et l’éducation des filles au Botswana, au Nigéria et en Ouganda. Depuis son lancement en 2021, il a permis de renforcer les capacités de plusieurs centaines d’enseignants et d’acteurs de l’éducation pour leur permettre de fournir aux adolescents et aux adolescentes une éducation, des informations sur la santé et des services adaptés. Dans le cadre de ce projet, l’UNESCO a aussi soutenu l’élaboration de différents documents et processus de politique publique, tels que des normes pour les services de santé scolaire et un plan stratégique national de gestion de l’hygiène menstruelle. En Ouganda, le projet a concerné deux districts, dont Luuka, et a à ce jour permis d’atteindre 5 000 jeunes, scolarisés ou non. 

Cette initiative vient compléter le travail effectué par l’UNESCO dans le cadre du programme Nos droits, nos vies, notre avenir (O3), qui vise à autonomiser les adolescents et les jeunes en Afrique subsaharienne afin qu’ils acquièrent les compétences, les connaissances et les attitudes dont ils ont besoin pour prévenir les infections à VIH, réduire le nombre de grossesses précoces et non désirées et éliminer la violence fondée sur le genre.