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Femmes et Foot : #ChangeTheGame – Vers l’égalité des genres dans le sport

Les défis auxquels la féminisation du football et du sport est confrontée sont énormes et de fortes inégalités persistent. A l'occasion de la Coupe du Monde Féminine de la FIFA qui a débuté le 7 juin en France, l'UNESCO souhaite montrer que le football peut être un outil efficace pour réduire l'écart entre les sexes et autonomiser les femmes dans le monde. Dans ce contexte, l'UNESCO a organisé une table ronde interactive sur l'égalité des genres dans le football intitulée « Femmes et Foot : #ChangeTheGame » à son Siège, à Paris, le 4 juin 2019.

« Nous vivons une époque de progrès en matière d'égalité des genres, mais il existe encore d’importants points d'inégalité et nous devons les combattre. Nous devons le faire en commençant par des principes, » a déclaré Audrey Azoulay, Directrice générale de l'UNESCO, lors de l'ouverture de l'événement. La Directrice générale a également mentionné la création prochaine par l'UNESCO, avec le soutien du gouvernement suisse, d'un Observatoire mondial pour les femmes et le sport, dans le cadre du Plan d'action de Kazan (KAP).

Animée par Anne-Laure Bonnet, une journaliste sportive française, des athlètes féminines et des experts venant du monde entier ont partagé leurs histoires et expliqué comment ils se sont engagés dans le football.


© UNESCO / Christelle Alix

 
Nadia Nadim, joueuse de football professionnelle de l'équipe nationale danoise et du PSG, a raconté comment, en Afghanistan, son père lui a appris à jouer au football dans leur jardin secret, duquel personne ne pouvait la voir jouer. Son père a été tué par les talibans quand elle n'était qu'une enfant. Nadia s'est alors enfuie au Danemark avec ses sœurs et sa mère, loin de la guerre. Près du camp de réfugiés où elles vivaient, il y avait un terrain de football, où elle a vu de jeunes filles jouer au football. C'est alors qu'elle s'est rendu compte qu'en tant que fille, elle avait le droit de jouer au football et qu'elle pouvait aller loin. Elle a encouragé toutes les jeunes filles présentes dans la salle et au-delà à pratiquer le jeu, à devenir ce qu'elles veulent être, et les a mises au défi de ne pas être limitées par les stéréotypes de genre.


© UNESCO / Christelle Alix

 
Houriya Al Taheri, première entraîneuse de football dans la région du Golfe, a parlé de son amour pour le football. Parce qu’il lui était impossible de jouer au football de haut niveau dans son pays, elle a choisi de devenir entraîneuse de football pour les femmes et les filles parce qu'elle voulait et veut toujours changer les choses en autonomisant la génération suivante. Candice Prévost, ancienne footballeuse professionnelle, qui a joué dans l'équipe nationale française, a ajouté que le jeu ne se limite jamais au football, mais va au-delà puisqu’il reflète la place des femmes dans nos sociétés. Elle a cofondé Little Miss Soccer, pour mettre en lumière le pouvoir social du football pour les filles et les femmes.

Anne-Laure Bonnet a partagé son expérience de journaliste dans le monde du sport, où la plupart des journalistes professionnels sont des hommes. Elle a souligné combien il est important pour les jeunes femmes et les jeunes filles de voir des modèles dans les médias ainsi que des sportifs professionnels, femmes et hommes, quel que soit le sport.

Sylvère-Henry Cissé, président de Sport & Démocratie, s'est joint à la conversation en soutenant l’idée que le football n’est pas réservé aux hommes et qu'il faudrait plus de femmes dans la gouvernance du football.

Dans la même perspective, l'ancien footballeur professionnel Jean-Marc 'Jimmy' Adjovi-Boco a insisté sur l'importance d'impliquer les hommes dans le débat sur l'égalité des genres. « Ce qui doit changer, doit changer avec et à travers les hommes. (....) Les problèmes auxquels nous sommes confrontés dans nos sociétés doivent aussi être envisagés du point de vue des hommes. Nous devons comprendre ces problèmes et nous devons également en faire nos problèmes. Nous devons nous tenir aux côtés des femmes pour que les choses changent, » a-t-il dit.


© UNESCO / Christelle Alix

Evelyn Laruni, directrice nationale de la Whitaker Peace & Development Initiative (WPDI) en Ouganda, a expliqué à quel point il est important d'inclure davantage de femmes et de filles dans le sport au niveau local. « Si nous n'encourageons pas et n'augmentons pas la participation des filles et ne les laissons pas jouer dès le plus jeune âge, il sera difficile d'avoir des professionnelles dans 20 ans ». Le football peut autonomiser les filles de bien des manières et, dans le contexte de WPDI, qui travaille avec les réfugiés, Evelyn Laruni a décrit comment un jeu comme le football permet à la communauté hôte et aux réfugiés de jouer au même jeu, ensemble et sans division.

Sherona Forrester, directrice adjointe de l'équipe nationale jamaïcaine, a parlé des femmes et du football dans le contexte jamaïcain, de l'importance du développement des jeunes par le sport et a souligné que des changements doivent être apportés en réponse aux inégalités de genre. « C'est une discussion qui doit continuer. Le changement n'est pas automatique. Il doit être stratégique et volontaire. Lorsqu’un plus grand nombre de personnes se joindront à nous avec leur vision d'un changement qui va dans le bon sens et plaideront en faveur du sport, nous pourrons parvenir à l'égalité de rémunération et à l'égalité dans le jeu. »

La table ronde s'est terminée par une présentation par la chercheuse Carole Gomez (IRIS) du rapport de l'UNESCO, de l'Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS) et de l'Union Nationale des Footballeurs Professionnels (UNFP), intitulé « Quand le football s'accorde au féminin », qui vient de paraître. Le rapport montre la volonté de ces trois institutions de changer la manière dont les femmes sont perçues dans le monde du football et dans la société.

Une performance envoûtante de la talentueuse Mélody Donchet (France), quadruple championne du monde de football freestyle, a clôturé l'événement.


© UNESCO / Christelle Alix

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#ChangeTheGame

Contact : Alexander Schischlik, a.schischlik@unesco.org