Histoire

La Voix des Résilientes – les créatrices d’Afrique de l’Ouest prennent la parole pendant la pandémie

Lorsque Maïmouna Dembélé, présidente de la Fondation Music in Africa, commence la discussion en disant « je veux d’abord saluer toutes mes sœurs connectées avec nous », tout est déjà dit.

Ses sœurs ce sont les dix protagonistes de la campagne digitale « La Voix des Résilientes », menée par l’UNESCO Dakar, et ayant débuté par deux webinaires au mois d’août 2020. La campagne promeut  l’égalité des genres, dans le secteur culturel ouest-africain, notamment durant cette pandémie.

Ce sont Esi Atiase, Fatima Bocoum, Fatoumata Diabaté, Rama Diaw, Salimata Diop, Khadidia Djigo, Maah Keita, Daba Sarr, Dieynaba Sidibé aka Zeïnixx ; Ina Thiam. Ce sont des artistes numériques, des photographes, des créatrices de mode, des commissaires d’exposition, des manageuses culturelles, des musiciennes, des graffeuses, des slameuses, mais aussi des mannequins, des activistes, des cheffes d’entreprises, des influenceuses, des amies, des collègues, des mères, des sœurs : ce sont des femmes africaines du Mali et du Sénégal. Ce sont les Résilientes.

Le message est clair : ses femmes portent leurs voix et personne ne peut les enfermer dans une image stéréotypée liée à leur genre. « Pour moi ça n’existe pas les métiers d’homme ou les métiers de femmes » affirme avec conviction Fatoumata Diabaté, présidente de l’Association des femmes photographe du Mali.

Khadidia Djigo, manager de Canal Olympia Sénégal, appelle alors chaque femme à « dépasser ses propres limites et celles que la société nous impose » tandis que Salimata Diop, commissaire d’exposition, soutient « qu’il ne faut jamais se laisser enfermer dans le regard de l’autre » et insiste sur le fait que « si tu as une vision, crois en toi et ne fais aucun compromis ».

la Voix des Résilientes vise à rendre visible le travail initié par ces femmes, mais aussi à déconstruire toute une mythologie qui s’est construite autour du secteur et contribuer ainsi à l’écriture d’un discours critique sur le genre propre à l’Afrique de l’Ouest.
Guiomar Alonso, conseillère régionale pour la culture au bureau de l’UNESCO à Dakar

Ces Résilientes font face à la situation de la pandémie la tête haute. Pourtant, pour beaucoup d’entre elles la crise sanitaire a été synonyme de ralentissement de leur activité. Alors comme le souligne Rama Diaw, styliste et créatrice de mode Saint-Louisienne « cette pandémie nous pousse à nous adapter à de nouvelles façons de faire et à changer nos idées ».Alors qu’elle publie une exposition photographique virtuelle sur le sujet tabou du viol, Ina Thiam partage son engagement :

j’essaye de prendre cette situation comme un challenge pour trouver des alternatives pour vivre, sourire, créer, être inspirée et inspirer mes paires.
Ina Thiam, photographe

Les webinaires organisés en août dernier, suivi de la publication des portraits de ces Résilientes sur les réseaux sociaux ont permis de toucher un million d’internautes.

En toute sororité, « cette plateforme de partage nous permet de nous exprimer ensemble et d’inspirer les générations futures » explique Daba Sarr. Les mots de Fatima Bocoum, commissaire d’exposition, rappellent les enjeux des discussions : « ça a été une belle campagne qui a eu beaucoup d’impacts et permis d’aborder des sujets centraux sur l’émancipation de la femme dans les milieux créatifs en Afrique de l’Ouest montrant aussi l’enthousiasme de l’audience pour le thème ».

Pour poursuivre le mouvement, les Résilientes ont lancé le challenge UNESCO #WeAreYennenga sur Facebook et Instagram, dont l’objectif est de rallier les femmes du secteur culturel et personnes sensibles à la cause autour de la figure emblématique de la princesse Mossi Yennenga.

L’histoire n’est donc pas finie : c’est à votre tour, ensemble faisons retentir la « Voix des Résilientes ».