Actualité

Les enseignants ont besoin de formation et de soutien pour prévenir et combattre le harcèlement scolaire

Les enseignants jouent un rôle déterminant pour créer des environnements d’apprentissage sûrs, car ils sont souvent les premiers à prévenir et combattre les comportements violents, y compris le harcèlement en milieu scolaire. Or, une étude récente montre qu’ils sont nombreux à ne pas être en capacité de bien repérer, prévenir et combattre le harcèlement.

Afin de proposer des réponses plus efficaces à ce phénomène, la quatrième réunion thématique internationale sur le harcèlement s’est penchée sur le rôle des enseignants le 7 septembre dernier. À l’instar des éditions précédentes, organisées conjointement par l’UNESCO et le Forum mondial contre le harcèlement, cette réunion a contribué à la préparation du Forum, qui se tiendra à Stockholm du 1er au 3 novembre 2021.

« Depuis de nombreuses années, l’UNESCO aide ses États membres à faire face à la violence et au harcèlement en milieu scolaire, et a encore intensifié son action au cours de la dernière décennie », a déclaré Mme Vibeke Jensen, Directrice de la Division de l’éducation pour la paix et le développement durable de l’UNESCO. Celle-ci a également expliqué qu’il était essentiel de bien comprendre les perceptions et pratiques des enseignants pour éclairer cette action.

Incidence de la violence sur les pratiques pédagogiques

Les principales conclusions d’une récente étude de l’UNESCO basée sur une enquête mondiale menée auprès de 34 877 enseignants (dont 80 % viennent d’Amérique centrale et du Sud) ont été présentées pour la première fois lors de la réunion. Elles mettent clairement en évidence l’opinion des enseignants sur le harcèlement à l’école et leur réaction face à ce phénomène : 3 enseignants interrogés sur 5 ont indiqué que la violence en classe a une incidence sur leur pratique pédagogique, mais seulement la moitié d’entre eux se considèrent comme suffisamment formés et soutenus par la direction de leur établissement pour prévenir et combattre le harcèlement. L’étude a également révélé que certains enseignants ne sont pas capables de repérer les différentes formes de harcèlement, en particulier ceux issus de contextes où le phénomène est plus répandu.

Lors de la première table ronde, des enseignants africains et européens ont repris à leur compte les conclusions de l’étude. « Ici, en Zambie, la plupart des enseignants connaissent certaines formes de harcèlement, mais pas les plus subtiles. Tous les cas signalés concernent le harcèlement physique, et les incidents tels que les insultes sont ignorés, car vus comme des étapes normales du développement », déclare Mme Agatha Shindende, enseignante à l’école primaire de Kabulonga, en Zambie.

Mme Maria Bengtsson Hurtig, enseignante et éducatrice spécialisée de la municipalité de Nynäshamn, en Suède, explique que dans son pays, « les enseignants sont généralement capables de repérer les différentes formes de harcèlement, en théorie, mais leur capacité à le prévenir et à y remédier varie en fonction du contexte scolaire ».

M. Peter Macaulay, maître de conférences en psychologie à l’Université de Derby (Royaume-Uni), a évoqué la question du cyber-harcèlement : « Grâce à la position qu’ils occupent, les enseignants pourraient apprendre aux jeunes les comportements à adopter en ligne, et notamment les aider à prendre conscience de ce qu’est le cyber-harcèlement, car les jeunes le pratiquent parfois sans se rendre compte des conséquences ».

Instaurer un climat bienveillant en classe

Lors de la deuxième table ronde, différents pays ont donné leur point de vue sur la manière d’aider davantage les enseignants à prévenir le harcèlement. Mme Diana Castellanos, Sous-Secrétaire à l’innovation éducative et au bien vivre (Ministère de l’éducation, Équateur), a souligné l’importance de créer un environnement scolaire harmonieux, ainsi que la nécessité de tenir compte des inégalités pour concevoir des réponses plus efficaces à la violence et au harcèlement en milieu scolaire. L’expérience de la Thaïlande partagée par M. Thira Bhawangkanantha, conseiller principal au Ministère de l’éducation, est venue souligner l’importance d’un leadership fort et d’un investissement durable à long terme dans la formation des enseignants de la part des autorités de l’éducation.

Mme Shoko Yoneyama, membre du Comité scientifique de l’UNESCO sur le harcèlement et du Conseil scientifique du Forum mondial contre le harcèlement pour le Japon et l’Australie, est revenue sur le rôle des enseignants en s’appuyant sur les données mondiales. Selon elle, la formation des enseignants devrait favoriser l’apprentissage et l’enseignement axés sur l’élève, ainsi que la création d’un climat bienveillant en classe. « Il faudrait par exemple former les enseignants à la mise en place d’activités extrascolaires, qui aident les élèves à acquérir assurance et estime de soi. »

 

Photo: Monkey Business Images/Shutterstock.com