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Politique et formation accompagnent les progrès des technologies mobiles en Afrique

Pour Jerome Morrissey, PDG de l’initiative eSchools Global and Community Initiative (GESCI) au Kenya, s’il est une chose que la technologie ne peut jamais remplacer, c’est bien l'enseignant.

Et pourtant, le développement professionnel des enseignants a souvent été le grand absent des politiques nationales en matière de TIC. C’est pour cette raison que GESCI œuvre à la mise en place d’un leadership aux niveaux du gouvernement et des salles de classe.

M. Morrissey, qui présentera le travail de GESCI lors de la Semaine de l'apprentissage mobile, la conférence phare des TIC à l’UNESCO, du 7 à 11 mars, a déclaré dans un entretien : “Historiquement, pour ce qui est de l’école et des technologies, nous n'avons pas assez prêté attention aux enseignants et tout le monde, y compris le gardien, a été consulté sur la bonne façon de les utiliser. Il en était de même en Occident jusqu'à ce que, très récemment, l’accent soit finalement mis là où il le fallait, c’est-à-dire sur les enseignants. Les technologies sont de peu d’utilité si les enseignants ne sont pas formés à les utiliser dans un contexte pédagogique.”

L'agence internationale GESCI, fondée en 2003 par le groupe d’étude des TIC des Nations Unies, coopère actuellement avec les gouvernements de 16 pays d’Afrique en vue de la formation des responsables de niveau intermédiaire et senior à la dynamique du leadership, de la construction des sociétés de la connaissance et de l’adoption de politiques cohérentes. L’agence aide aussi à préparer les enseignants et les systèmes dans lesquels ils travaillent à équiper les apprenants des connaissances et des compétences nécessaires pour réussir dans une nouvelle société de la connaissance.

Les politiques ne manquent pas mais elles sont rarement efficaces

“La majorité des initiatives politiques en matière de TIC dans l’éducation ont suscité quelques espoirs de courte durée. C'est pour cela que nous travaillons stratégiquement au niveau des gouvernements et des ministères de l'Éducation  pour inculquer une stratégie d'immersion et des modèles évolutifs basés sur les écoles. Proposer un développement du leadership signifie que les personnes évoluent vers une position de pouvoir réel et d'influence sur l’éducation ; les politiques sont le lieu où la vraie durabilité entre en scène.”

L'agence fournira une technologie minimale sous la forme de portables là où cela est nécessaire, situant son travail dans le Référentiel de compétences TIC de l’UNESCO, qui définit les compétences dont ont besoin les enseignants pour intégrer les TIC dans leur pratique professionnelle.

 

Le travail de M. Morrissey a été grandement facilité par l'amélioration de la connectivité en Afrique, du moins dans les pays francophones, et par la diminution du prix des smartphones, ce qui signifie que 50 pour cent des gens peuvent se connecter.  

“Nous constatons que les smartphones sont d’une grande utilité dans le développement professionnel des enseignants, même lorsque l’internet est de mauvaise qualité, car ils peuvent utiliser un téléphone mobile pour envoyer des messages, des contenus d'information, des ressources de formation. Dans une grande classe d'environ 70 élèves un diaporama numérique présente un potentiel majeur.”

Du travail reste à faire sur le changement des perceptions

À cet égard, les Ressources éducatives libres sont d’une importance cruciale, les enseignants étant formés à créer, trouver et réutiliser des supports libres de qualité ainsi que d’autres contenus, vidéos et simulations libres disponibles en ligne.

“Alors qu’autrefois il était nécessaire, pour former un enseignant, de le retirer de la classe pendant une semaine, ce qui était désastreux, l'autre avantage consiste à lui faire suivre une formation par téléphone ou sur un terminal électronique, en dehors des heures de classe” a-t-il indiqué.

Les technologies mobiles peuvent aussi servir à diffuser des messages ayant trait à la santé auprès des femmes. De plus M. Morrissey estime qu’il existe aussi un large potentiel pour développer des programmes d'alphabétisation informels et intergénérationnels.

En dépit des progrès, M. Morrissey estime qu’il reste beaucoup à faire pour changer les mentalités.

“Il subsiste un certain scepticisme vis-à-vis de l’utilisation des technologies dans l'éducation, et cela est dû en partie au fait que des milliards ont été consacrés à l'intégration des TIC, sans qu’elles aient vraiment apporté la preuve de leur efficacité ”, a ajouté M. Morrissey. “Mais ce que les bailleurs et les partenaires occidentaux ne voient pas vraiment, c’est combien les technologies, mobiles ou autres, sont utiles en Afrique et dans quelle mesure elles sont largement comprises. La Semaine de l’apprentissage mobile est l'occasion idéale pour le faire savoir.”

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Semaine de l’apprentissage mobile