Promouvoir l'enseignement des STEM pour les filles en Côte d'Ivoire : le témoignage de Christelle

Rencontrez Christelle Ogo, diplômée en sciences et championne des études STEM pour les filles et les femmes en Côte d'Ivoire. En tant que présidente de "Sciences et Technologies au féminin", une association qu'elle a fondée en 2016 alors qu'elle était en licence de physique à l'Université Félix Houphouët-Boigny d'Abidjan, Christelle est passionnée par la promotion de l'enseignement des STEM et la suppression des barrières liées au genre dans le domaine des sciences. Ses efforts ont été reconnus par l'UNESCO, qui a soutenu la formalisation de l'association, la formation de 30 ambassadrices STEM et la prochaine campagne de sensibilisation ciblant 2 000 jeunes filles dans 25 écoles du pays, dans le cadre du projet « Transformer l’éducation en Afrique grâce aux TIC » en Côte d'Ivoire.

Christelle a dû surmonter des obstacles considérables afin de poursuivre ses études. L'enseignement primaire universel n'étant devenu obligatoire en Côte d'Ivoire qu'en 2015, sa famille ne voyait pas l'intérêt de l'envoyer à l'école. Malgré les difficultés financières, Christelle a persévéré et s'est finalement inscrite à l'université, où elle a choisi d'étudier la physique. Elle s’est cependant heurtée à de nombreuses perceptions négatives à l'égard des femmes dans le domaine scientifique : "Tu es une fille. Pourquoi choisir cette spécialité, alors que tu vas te marier et avoir des enfants ?" lui demandaient les hommes de son entourage, y compris ses camarades de classe et même certains de ses professeurs.

Avec très peu de filles étudiant la physique dans sa classe et une série de défis les unissant, Christelle a créé son association comme un havre de paix pour elle-même et les femmes qui ont fait le même choix. L'association a servi de groupe d'entraide pour se motiver les unes les autres et rester à la hauteur des cours exigeants, en surmontant les obstacles, le refoulement et les commentaires condescendants. "Une collègue était sur le point d'abandonner ses études, mais grâce à l'association, elle a finalement pu les poursuivre et elle est aujourd'hui ingénieur", se souvient Christelle avec fierté.

"Sciences et Technologies au féminin est devenue une association officielle en 2019, grâce au soutien de l'UNESCO. L'association fournit un soutien et un mentorat aux filles inscrites dans tous les domaines des STEM et des technologies de l'information et de la communication (TIC), en veillant à ce qu'elles disposent du bon système de soutien pour finaliser leurs études. Au moment de la rédaction de ce rapport, l'association compte environ 200 membres répartis dans huit universités publiques et deux instituts de formation des enseignants. L'UNESCO a également soutenu la formation de 30 femmes exceptionnelles issues de ces institutions, afin qu'elles deviennent des ambassadrices STEM.

Pour encourager davantage de femmes à poursuivre des études et des carrières dans les STEM, il est important de prévoir des interventions et des actions au niveau de l'enseignement secondaire. C'est dans cette optique que "Sciences et Technologies au féminin" a récemment élargi son champ d'action aux élèves de l'enseignement secondaire inférieur et supérieur. Malheureusement, les données de la Côte d'Ivoire montrent que seulement 28 % des filles poursuivent des études scientifiques au niveau secondaire supérieur, contre 60 % des garçons. Dans le cadre de ses efforts pour remédier à cette disparité, l'UNESCO soutiendra une campagne de sensibilisation au niveau des écoles. Les ambassadrices STEM se rendront dans les 25 écoles pilotes du projet KFIT en Côte d'Ivoire et mettront en œuvre un programme de trois jours visant à inciter les jeunes filles à poursuivre des études dans le domaine des STEM.

En réfléchissant à son propre parcours, Christelle a déclaré : "Quand j'étais petite, j'aurais aimé que quelqu'un me dise : "Tu es intelligente, tu peux le faire. Tu peux construire un avion, une télévision ou un téléphone". C'est précisément ce que son association s'efforce de faire. En éliminant les barrières de genre dans le domaine des sciences, en encourageant la représentation des femmes dans les domaines des STIM et en fournissant un système de soutien aux jeunes filles, "Sciences et Technologies au féminin" permet effectivement aux filles et aux femmes de toute la Côte d'Ivoire de poursuivre leurs rêves et d'atteindre leur plein potentiel.

Les initiatives de formation et de sensibilisation de "Sciences et Technologies au féminin" sont soutenues par le projet Fonds-en-dépôt UNESCO-Corée (KFIT) "Transformer l’éducation en Afrique grâce aux TIC", une initiative qui favorise le développement humain et social dans les pays africains grâce à l'utilisation des TIC dans l'éducation. Avec le Ghana et le Sénégal, la Côte d'Ivoire est l'un des bénéficiaires de la deuxième phase du projet.

Le projet s'aligne sur l'appel lancé par le Sommet sur la transformation de l'éducation de 2022 en faveur d'un apprentissage numérique public de qualité pour tous. En Côte d'Ivoire, le projet aborde deux des trois clés (c'est-à-dire le contenu et la capacité) pour libérer le potentiel des technologies numériques afin de transformer l'éducation. Il a facilité le développement d’une politique révisée des TIC dans l'éducation, ainsi que le cadre de compétences en TIC pour les enseignants. En outre, le projet a créé divers scénarios pour l'utilisation des TIC dans les activités éducatives. Pour piloter ces scénarios pendant les activités d'apprentissage en classe, 25 collèges et lycées ont été sélectionnés dans tout le pays et ont reçu l'équipement nécessaire ainsi qu'une formation pour les enseignants. Ces mêmes écoles feront également partie d'une campagne de sensibilisation visant à encourager les jeunes filles à poursuivre des études et des carrières dans le domaine des STEM. Le projet en Côte d'Ivoire met l'accent sur les actions sensibles au genre.

Ressources :

• Projet Fonds-en-dépôt UNESCO-Corée (KFIT) "Transformer l’éducation en Afrique grâce aux TIC
• Une formation aux TIC de l’UNESCO change la donne pour une professeure de lycée au Ghana
• Aminata, d’enseignante à développeur de contenu numérique et formatrice au Sénégal
• Apprentissage numérique et transformation de l’éducation - Le travail de l'UNESCO