Couvent Al-Saa'a

La première pierre du couvent de Notre-Dame de l’Heure, également connu localement sous le nom d’Al-Saa’a, a été posée en 1866. Dès son origine, ce couvent avait trois dimensions : religieuse, culturelle et sociale. Il comprenait une église, un séminaire avec des logements pour des com-munautés de frères et de sœurs, une école de garçons, une école de filles, ainsi qu’un hôpital et une maison pour les missionnaires. Une école d’institutrices a ensuite été ajoutée.

Les Dominicains ne disposaient d’aucun livre pour enseigner. C’est pourquoi, plutôt que d’importer des livres d’Europe, ils ont décidé de créer la première imprimerie moderne de Mésopotamie à Mossoul. Ils ont publié la première version arabe de la Bible, le premier livre de grammaire kurde ainsi que de nombreux autres textes d’intérêt local.

L’impératrice Eugénie de Montijo, épouse de Napoléon III, a financé la construction du clocher (le premier d’Iraq) bâti entre 1881 et 1882, avec sa célèbre horloge à quatre cadrans. L’horloge a donné son nom au quartier, et ses carillons ont rythmé la vie des habitants de toute la ville à travers les siècles.

La structure du couvent Al-Saa’a a été endommagée pen-dant l’occupation de Mossoul par Daech, et son intérieur a été pillé et saccagé.

Placer les communautés locales au cœur de la reconstruction

En mars 2020, l’UNESCO a lancé la phase préparatoire de la reconstruction, en étroite collaboration avec l’ordre domi-nicain et les autorités iraquiennes compétentes. La priorité était de sécuriser le chantier et d’en extraire les engins non explosés. Cette phase a été suivie par l’élaboration du plan détaillé de l’exécution des travaux.

Le projet architectural définitif a fait l’objet de nombreuses consultations bilatérales avec les experts et les parties pre-nantes locales, afin de satisfaire les attentes et de susciter un sentiment d’appropriation au niveau local. La phase active de la reconstruction a débuté en mars 2022

La phase active de la reconstruction a débuté en mars 2022

Phases de reconstruction
Mi-décembre 2021

PHASE I : Stabilisation de l'église et réhabilitation des couches de finition extérieures du complexe

Janvier 2022

Fin de la phase préparatoire (déminage, enlèvement des décombres)

Mars 2022

Début des travaux de la PHASE I

Premier semestre 2022

PHASE II : Réhabilitation intérieure du complexe et de l'ensemble du système de services publics

Second semestre 2022

Début des travaux de la PHASE II

3 questions au père Olivier, représentant de l’ordre des Dominicains à Mossoul

Quelle est la particularité de Mossoul ?

Père Olivier – Mossoul a toujours été un lieu de carrefour et de rencontre. C’est l’étymologie même de son nom. Les bâtiments sont l’expression de cette société multiculturelle. Le couvent Notre-Dame de l’Heure a été construit à la fois par des chrétiens et par des musulmans. Ces dernières décennies, il était devenu un sanctuaire marial fréquenté par les fidèles de ces deux confessions. C’est cela qui caractérise Mossoul : cette ville est une mosaïque, marquée par des teintes différentes qui forment un dessin commun. Ce lien a été brisé par la guerre. Nous voulons aujourd’hui le retrouver.

Quels sont les enjeux du chantier de Notre-Dame de l’Heure ?

Lorsque la reconstruction de Mossoul a débuté, nous étions inquiets que ce patrimoine soit oublié. Sans la volonté de l’UNESCO et le soutien financier des Émirats arabes unis, la réhabilitation du couvent n’aurait jamais vu le jour. Si l’initiative Faire revivre l’esprit de Mossoul suscite tant d’espérances, c’est parce qu’elle peut rebâtir la confiance. Reconstruire ensemble, c’est refaire société. Nous voulons que ces lieux retrouvent leur fonction, qu’ils renouent avec la triple dimension de la première mission pontificale en Mésopotamie : religieuse, mais aussi culturelle et sociale. Ce couvent a toujours été ouvert à tous, de toutes conditions sociales et de toutes confessions, aux hommes comme aux femmes.

Les femmes semblent d’ailleurs y avoir une place importante, pouvez-vous nous dire en quoi ?

Dans une société traditionnelle, il est important d’avoir des lieux où les femmes peuvent aller librement, et les lieux religieux en font partie. Notre-Dame de l’Heure a accueilli la première école pour filles de Mésopotamie, puis la première école normale d’institutrices. Ces femmes iraquiennes sont ensuite parties dans toute la plaine de Ninive et dans les montagnes, jusqu’à Zakho, pour créer des écoles dans les villages. Notre mission n’a pas changé. Nous avons encore aujourd’hui 150 sœurs dominicaines en Iraq, qui poursuivent cette œuvre de formation. Notre matière première, c’est l’humanité.