Tendances mondiales en matière de liberté d’expression et de développement des médias : Rapport mondial 2021/2022

La nouvelle publication de l’UNESCO, intitulée Tendances mondiales en matière de liberté d’expression et de développement des médias : Rapport mondial 2021/2022 analyse la situation de la liberté, du pluralisme et de l’indépendance des médias, ainsi que de la sécurité des journalistes au cours des cinq dernières années. Le Rapport tire la sonnette d’alarme sur le déclin inquiétant des niveaux de liberté de la presse dans le monde : des données et des analyses originales confirment que 85 pour cent de la population mondiale a connu un recul de la liberté de la presse au niveau national au cours des cinq dernières années. Le Rapport examine également les différentes répercussions de la COVID-19 sur les secteurs, déjà en difficulté, des médias , allant des nouvelles restrictions à la liberté de la presse à l’échec des modèles économiques traditionnels.

Les conclusions s’appuient sur l’analyse de 160 sources de données, réalisée par l’UNESCO en partenariat avec Data-Pop Alliance, portant sur les tendances en matière de liberté, de pluralisme et d’indépendance des médias ainsi que de sécurité des journalistes, et sont étayées par une recherche initiale menée par Economist Impact et commandée aux fins de ce Rapport.

Il y a trente ans, des journalistes de l’ensemble du continent africain ont adopté la Déclaration de Windhoek

lors d’un séminaire organisé par l’UNESCO. Cet événement a marqué le début d’une remarquable expansion de la liberté, du pluralisme et de l’indépendance de l’information. Cette expansion doit beaucoup à la libéralisation des marchés des médias. Bien qu’imparfaitement, le carburant de la publicité, des ventes d’exemplaires et d’abonnements a doté de nombreux médias du monde entier de ressources et de marges de manœuvres en termes d’indépendance nécessaires à la fourniture d’informations fiables pour le public.

Aujourd’hui, ce modèle est dans un piètre état.

Les principes de la Déclaration de Windhoek ont été réaffirmés avec l’adoption, en 2021, de la Déclaration de Windhoek+30 sur l’information comme bien public, qui fournit un cadre propice à l’engagement de tous les acteurs de la société.

La Déclaration souligne également l’importance de renforcer la viabilité des médias, la transparence ainsi que l’éducation aux médias et à l’information.

Elle sert de point de référence pour harmoniser la mise en œuvre des actions de sensibilisation, de plaidoyer et de renforcement des capacités de la part de tous ceux qui apprécient la valeur du journalisme, tout en reconnaissant les risques qui menacent la fourniture de ce bien public.

Les tendances troublantes mises en évidence dans ce Rapport doivent nous inciter à redoubler d’efforts.

Pour que le journalisme continue à fonctionner comme un bien public nécessaire, des actions pourraient être entreprises :

• une nouvelle réglementation en matière de transparence des médias sociaux,
• des subventions publiques indépendantes en faveur des organes d’information véritables
• un soutien accru aux médias de service public,
• une augmentation de l’aide au développement des médias,
• un accroissement des investissements philanthropiques.

Toutes ces mesures doivent s’accompagner de garde-fous et de vigilance pour protéger les normes d’indépendance éditoriale et de liberté d’expression. De leur côté, les journalistes doivent préserver l’intégrité de la profession face aux pressions, et les médias doivent progresser en matière d’innovation numérique.