La liberté de la presse en période de crise et de transformation

Les libertés de la presse dans le monde connaissent un recul notable depuis 2012. Au cours des cinq dernières années, environ 85 pour cent de la population mondiale a connu une détérioration de la liberté de la presse au niveau national.

Principales tendances

  • La liberté de la presse poursuit sa tendance à la baisse dans le monde entier.
  • De nouvelles lois et politiques restreignent la liberté d’expression en ligne.
  • Les avancées réalisées pour résorber l’écart entre les genres concernant les salles de presse, les signatures d’articles et les informations elles-mêmes stagnent nettement.
  • Un déluge de mésinformation et de désinformation a contribué à une baisse de confiance dans les médias du monde entier

Au-delà des nouvelles mesures juridiques, les cinq dernières années ont vu se multiplier d’autres actions qui menacent les efforts déployés à l’échelle mondiale en vue de préserver la liberté d’expression et l’universalité d’Internet (en faveur d’un écosystème numérique ouvert, accessible, respectant les droits fondamentaux et régi par la participation de multiples parties prenantes). Des services de presse en ligne ont été bloqués, des

journalistes espionnés sans aucun fondement légal et les sites de certains médias piratés.

Les coupures d’Internet – lorsque les États restreignent l’accès à Internet, aux réseaux mobiles ou aux médias sociaux sur de vastes portions de leur territoire – ont atteint des sommets avec 213 incidents indépendants recensés en 2019. Certains gouvernements investissent également dans leur capacité à « filtrer » et à « garrotter » Internet, en bloquant

certains types de contenu ou en ralentissant l’accès pour décourager les utilisateurs dans leur recherche d’informations en ligne. Au cours des cinq dernières années, les demandes émanant des autorités pour retirer du contenu des principales plateformes Internet ont doublé.

press car in war zone

La pandémie mondiale a mis en évidence le besoin pressant de disposer de sources d’information fiables . Pourtant, les mesures liées à la COVID-19 ont servi à justifier des violations importantes de la liberté de la presse dans 96 pays sur 144, d’après une étude de l’Institut Varieties of Democracy.

En outre, selon les données de l’UNESCO, au moins 160 pays conservent à l’heure actuelles dans leur code pénal des dispositions relatives à la diffamation.

Depuis 2016, au moins 57 lois et règlements ont été adoptés ou modifiés dans 44 pays contenant des formulations trop vagues ou des sanctions disproportionnées qui menacent la liberté d’expression en ligne et la liberté de la presse.

Ces cinq dernières années, d’autres actions se sont multipliées, qui menacent la liberté d’expression et l’universalité de l’Internet.

Des services d’information en ligne ont été bloqués, des journalistes ont été espionnés illégalement et des sites de médias ont été piratés.

Les coupures de l’accès à Internet ont atteint le nombre recorde 213 incidents particuliers en 2019, selon les données recueillies par Access Now. Certains gouvernements investissent également dans des capacités de filtrage et de censure sur Internet. Au cours des cinq dernières années, les demandes gouvernementales de suppression de contenus sur les principales plateformes Internet ont doublé.

Dans le même temps, les entreprises privées de l’Internet sont soumises à une surveillance accrue quant à la manière dont elles modèrent les contenus et utilisent les données personnelles pour influer sur ce que les internautes voient.

Dans le cadre d’initatives multisectorielles de plus en plus nombreuses visant à améliorer la transparence et à accroître la responsabilité, l’UNESCO a proposé 26 principes de haut niveau qui peuvent servir de guide pour les entreprises, les décideurs publics et les régulateurs.

Autres chiffres clés

85%
de la population mondiale

a connu une détérioration de la liberté de la presse au cours des cinq dernières années

57
lois et règlements

ont été adoptés dans 44 pays en vue de menacer la liberté d’expression en ligne

132
États Membres de l’ONU

garantissent l’accès public à l’information

67
ans

seront nécessaires pour résorber l’écart moyen entre les genres dans les médias

Les avancées réalisées pour résorber l’écart entre les genres concernant les salles de presse, les signatures d’articles et les informations elles-mêmes stagnent nettement.

Les femmes continuent d’être sous-représentées dans les médias, en particulier s’agissant des postes de direction et de certaines thématiques, telles que les sujets liés à la politique. Des études suggèrent en outre que la représentation des femmes dans les médias est constamment biaisée et que les femmes sont marginalisées en tant que sources expertes.

female photojournalist

Le pluralisme des médias est également de plus en plus menacé par la perte de vitesse des modèles économiques traditionnels du journalisme. (Voir « Le journalisme comme bien public »)

Cette menace financière a rendu les organes de presse plus vulnérables aux pressions exercées tant par des acteurs extérieurs, tels que par les propriétaires et les dirigeants des médias.

La capture des médias - i.e. lorsque les médias d’information sont apparemment libres mais ne jouissent pas d’une réelle indépendance - demeure une menace croissante. D’après une étude récente du Center for Media, Data, and Society, portant sur 546 entités médiatiques administrées par l’État dans 151 pays, près de 80 % d’entre elles manquaient d’indépendance éditoriale.

Dans le même temps, la mésinformation et la désinformation sont venues s’ajouter à des années d’étiolement de la confiance dans les médias du monde entier et sont devenues une menace majeure pour l’information en tant que bien public.

Les entreprises proposant des services sur Internet ont permis, voire accéléré, le développement de la mésinformation et de la désinformation. . De fait, selon une étude menée par des chercheurs du Massachusetts Institute of Technology, les fausses informations diffusées sur le réseau social Twitter « se sont répandus beaucoup plus loin, plus rapidement, plus profondément et plus largement que la vérité ».

Davantage d’actions sont nécessaires pour désamorcer la désinformation, mais elles doivent s’accompagner de prudence. Toutes les réponses doivent respecter les cadres et normes internationaux en matière de liberté d’expression et promouvoir un environnement permettant à une presse libre de fonctionner sans restrictions.

En savoir plus

Consultez le Rapport complet pour obtenir davantage de détails et de chiffres clés sur les défis auxquels est confrontée la liberté de la presse dans le monde.