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Entretien avec Sid El Moctar Yadali, Lauréat 2023 du Prix continental du meilleur enseignant de l’Union africaine

Avis
Les opinions exprimées dans cet entretien sont celles de la personne interviewée uniquement et ne reflètent pas nécessairement les points de vue de l’Union africaine ou de l’UNESCO, de ses directeurs exécutifs, des pays qu’ils représentent. Elles ne représentent pas nécessairement non plus le point de vue de l’Institut international de l’UNESCO pour le renforcement des capacités en Afrique.
Entretien avec Sid El Moctar Yadali, Lauréat 2023 du Prix continental du meilleur enseignant de l’Union africaine

Contexte : Les prix du meilleur enseignant récompensent les enseignants exceptionnels. Ces prix peuvent accroître l’appréciation des enseignants dans la société tout en démontrant que le travail et l’innovation des enseignants font une différence. La Commission de l’Union africaine a institué le Prix continental du meilleur enseignant en 2019. Les gagnants reçoivent une récompense en espèces et sont célébrés. Le prix est important pour célébrer la contribution unique que les enseignants apportent à leurs élèves, à leurs communautés et à leurs sociétés. La Commission de l’Union africaine et l’UNESCO IIRCA, l’agence de coordination du groupe pour le développement des enseignants dans le cadre de la Stratégie continentale d’éducation pour l’Afrique 2016-2025 de l’Union africaine, encouragent les pays qui ne l’ont pas encore fait à créer des prix nationaux (ainsi que régionaux et locaux) pour les enseignants. Cette série d’entretiens porte sur les lauréats du Prix continental du meilleur enseignant 2023.

IIRCA : Pourriez-vous nous parler un peu de vous ?
Je m’appelle Sid El Moctar Mohamed. J’ai 43 ans je suis marié avec une famille composée de 6 membres. Je suis diplômé des universités marocaines car en 2001 j’ai bénéficié d’une bourse au Maroc après avoir obtenu mon diplôme en 2010. J’ai travaillé dans une entreprise minière dans le nord du pays. En 2013 j’ai rejoint l’enseignement. Je suis maintenant professeur de physique et chimie.

IIRCA : Qu’enseignez-vous, à quel niveau et où ?
J’enseigne la physique et la chimie à tous les niveaux (collège et lycée) au Lycée d’el Jadida à le Ksar à Nouakchott.

IIRCA : Depuis combien de temps êtes-vous enseignant et qu’est-ce qui vous a motivé à le devenir ?
J’enseigne depuis une dizaine d’années. L’une des choses qui ont fait de moi un enseignant était l’amour de ce métier. Ce sont certains des professeurs qui m’ont grandement influencé dans mon parcours en raison de leur merveilleuse méthodologie d’enseignement.

IIRCA : Qu’est-ce qui vous passionne le plus dans votre enseignement ?
Ce qui me passionne le plus, c’est former les élèves pour qu’ils deviennent des cadres compétents qui vont aider notre pays par la suite et notre continent africain. Résoudre des problèmes mathématiques et physiques est aussi une de mes passions tout comme mener des expériences physiques et chimiques en laboratoire.

Entretien avec Sid El Moctar Yadali, Lauréat 2023 du Prix continental du meilleur enseignant de l’Union africaine

IIRCA : Quels sont les défis auxquels les enseignant(e)s sont confrontés aujourd’hui et que peut-on faire pour surmonter ces défis ?
Parmi les défis auxquels l’enseignant est confronté on peut citer le travail dans certaines régions éloignées qui ne disposent pas de l’électricité et des produits de première nécessité et peuvent être caractérisées par une chaleur extrême ou une humidité élevée. En outre, l’un des défis auxquels l’enseignant est confronté est de travailler dans certains établissements qui ne disposent pas de l’équipement nécessaire pour dispenser des cours typiques. Afin de surmonter ces difficultés, les établissements doivent être bien équipés et disposer des laboratoires et d’équipements pédagogiques, ainsi que d’une salle d’informatique.

IIRCA : Quelles sont certaines des opportunités que les enseignants pourraient saisir et que pourrait-on faire pour leur donner les moyens de le faire ?
Les opportunités que les enseignants pourraient saisir sont nombreuses. On peut citer d’abord la formation continue. Celle- ci permet à l’enseignant de se perfectionner à travers l’acquisition de nouvelles méthodes pédagogiques qui peuvent les aider dans la pratique de la pédagogie en salle de classe (comme les approches innovantes). Le Ministère de tutelle pourrait aussi organiser des séminaires de formation et des journées de réflexion sur les contenus des manuels (les points forts et les lacunes).

IIRCA : Vous avez été reconnu comme un enseignant exceptionnel. Quels conseils pratiques donneriez-vous aux autres enseignants ?
Je conseille à mes collègues enseignants de se consacrer à leur travail, d’être présents à l’heure, de préparer les cours avant de les présenter, de créer une certaine atmosphère d’émulation (voire de saine compétition) en classe et de passer les examens à temps.

IIRCA : Avec le recul, s’il y avait quelque chose que vous pourriez faire différemment dans votre carrière d’enseignant(e), que serait-ce ?
S’il y a un métier que je ferais qui serait différent de l’enseignement, ce serait un métier lié à la santé où je peux apporter une aide médicale à ceux qui en ont besoin.

IIRCA : Que signifie pour vous le fait d’être reconnu(e) pour ce prix ? Envisagez-vous d’utiliser cette reconnaissance pour promouvoir davantage une éducation de qualité ?
Être reconnu de cette manière est pour moi comme une motivation et un soutien pour le reste de ma carrière d’enseignant. J’investirai ce succès dans le développement de mes compétences et capacités dans le domaine de l’éducation à l’avenir.

Entretien avec Sid El Moctar Yadali, Lauréat 2023 du Prix continental du meilleur enseignant de l’Union africaine

IIRCA : Enfin, pourriez-vous partager une anecdote personnelle sur vous-même ?
Un jour un de mes élèves m’a demandé s’il était possible de punir une personne pour quelque chose qu’il n’a pas fait. Je lui ai répondu « non », bien sûr. L’élève était très content et m’a répondu : « d’accord, je n’ai pas fait mes devoirs. »

 

Entretien préparé par Quentin Wodon. Cette série d’entretiens est en collaboration avec le Département ESTI de la Commission de l’Union Africaine