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L'UNESCO renforce son soutien financier envers les journalistes ukrainiens
Pour aider les citoyens ukrainiens à accéder à des informations fiables et sensibles liées à la guerre, l'UNESCO a mis en œuvre une série de mesures d’urgence, y compris des subventions d’urgence destinées aux journalistes, pour qu’ils poursuivent leur travail en toute indépendance éditoriale.
Au cours des deux séries de subventions, 360 journalistes au total ont reçu une aide financière, sur plus de 2 000 demandes. Cette aide a été rendue possible par la coopération de l'UNESCO avec le Programme alimentaire mondial (PAM) en 2022, ainsi qu'avec des partenaires qualifiés de la société civile.
Une première série de 160 subventions a été octroyée, à l’automne 2023, par l'intermédiaire de la Fédération internationale des journalistes (FIJ) et de l'Union nationale des journalistes d'Ukraine (NUJU).
Lviv Media Forum a lancé la deuxième vague de mesures de soutien en accordant des subventions à 200 journalistes. Parmi les 200 candidats sélectionnés, 47 sont des hommes et 153 des femmes. Les journalistes sélectionnés par un jury indépendant composé d’experts des médias et de la société civile, provenaient presque de toutes les régions d’Ukraine. La plupart viennent de la région de Kyiv, puis de Dnipro, d’Odessa, de Kharkiv, de Mykolaiv, de Lviv et de Poltava.
Témoignages de journalistes ukrainiens
Certains des journalistes ayant bénéficié de ce soutien ont été interviewés par l'UNESCO et ses partenaires.
Anastasia Bereza, journaliste à Kyiv, a indiqué que la subvention d'urgence l'a aidée à créer son propre média « Striy », spécialisé dans la couverture de l'impact de la guerre sur les vétérans et les familles des soldats tués.
Le soutien financier de l'UNESCO m'a permis de faire les démarches préliminaires : payer un graphiste, les frais de communication de l'entreprise, le courrier électronique et l'achat d'un nom de domaine. La démarche pour la demande et la réception de la subvention n’aurait pas pu être plus simple et pratique. Merci à toutes les organisations impliquées pour leur soutien aux journalistes ukrainiens en ces temps difficiles.
Ivan Antypenko, journaliste indépendant travaillant pour différents médias tels que Grunt.media, MOST, Hromadske.ua et Radio Liberty, a souligné l'importance de ce soutien pour les journalistes indépendants.
Les journalistes ukrainiens continuent de couvrir la guerre et les grands événements ukrainiens, en dépit d'un intérêt objectivement moindre de la part des agences internationales. Toutefois, l'attention générale portée à l'Ukraine dépend de la qualité de notre travail médiatique. C'est pourquoi je suis convaincu que les journalistes ukrainiens qui exercent leur métier avec professionnalisme ont besoin d'un soutien psychologique, matériel et professionnel.
Olha Zyma, journaliste et rédactrice en chef de Tochka Dostupu, a mis l'accent sur l'impact psychologique de la guerre sur les journalistes.
Les journalistes ukrainiens accomplissent un travail très important. Actuellement, la plupart d’entre eux font un travail très qualitatif. Toutefois, la majorité des journalistes ne puisent plus leur force uniquement dans leur passion pour leur métier, car beaucoup sont dans la détresse, certains ont perdu leur maison, leur bureau et ce qui leur permettait de subvenir à leurs besoins. Certains ont aussi perdu les ressources internes nécessaires à a la mise en œuvre de certains projets importants sur le plan social.
Nataliia Biriukova, journaliste expérimentée de la chaîne de télévision Orbita (Pokrovsk, région de Donetsk), filme chaque jour des images de la vie réelle de la population et de leurs efforts pour trouver du positif dans la situation actuelle. L'un de ses travaux pour le magazine en ligne Svoyi a remporté le premier prix du concours créatif de l'union nationale des journalistes d'Ukraine « Front d'information 2022 ». Elle élève trois enfants.
Malgré les bombardements répétés de Pokrovsk et le manque d'approvisionnement en eau, elle continue d'y vivre et d'y travailler. Nataliia a utilisé la subvention pour faire face à des problèmes de santé survenus récemment.
C’est difficile de se déplacer pour réaliser des reportages, de voir les rues où l’on a grandi et où on a fait des reportages pour parler des progrès réalisés sur 20 ans complètement détruites. (…) maintenant, il y a des cratères causés par les explosions, et des maisons détruites le long des routes (…) Chaque habitant de la région vit d’espoir : l’espoir qu’un obus ne leur tombera pas dessus, et que le pire qui puisse leur arriver, c’est la peur. Nous préservons notre équilibre psychologique en aidant le pays à vivre.
Ian Dobronosov, Reporter-Photographe de la publication Telegraph, travaille dans de nombreuses régions d'Ukraine, notamment en première ligne.
On me demande parfois comment je gagne ma vie en pleine guerre. Je ne gagne pas d’argent. J’utilise mes économies pour financer mes déplacements et pour résoudre des problèmes techniques. Je suis très reconnaissant envers les fonds internationaux qui accordent de la valeur au journalisme et se préoccupent des journalistes comme nous. Je suis ravi que NUJU coopère avec l’UNESCO. Cela permet d’identifier les personnes qui ont vraiment besoin d’assistance.
Cette aide a été organisée en collaboration avec le programme alimentaire mondial (PAM), Lviv Media Forum et l'union nationale des journalistes d'Ukraine (NUJU). Elle a été rendue possible grâce à la flexibilité du programme multidonateurs (MDP), aux mécanismes de réponse d'urgence du Fonds mondial pour la défense des médias (GMDF) et du Programme international pour le développement de la communication (PIDC), ainsi qu'au généreux soutien du peuple japonais.
L'UNESCO s'est engagée à continuer de promouvoir la sécurité des journalistes et des travailleurs des médias ukrainiens et internationaux en Ukraine afin qu'ils puissent fournir à la population, en toute indépendance éditoriale, des informations factuelles, adaptées au conflit et vérifiées présentant un intérêt pour le public.
