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Nouveau numéro de la Revue IRE : Une rivière nous traverse

La poétesse mojave Natalie Diaz décrit une relation à la nature qui, tout en étant intimement liée à son sentiment d’elle-même et à l'identité de son peuple, est, comme le note le rédacteur en chef dans son introduction à ce nouveau numéro de la Revue internationale de l'éducation – Annales de l’apprentissage tout au long de la vie (IRE), néanmoins « totalement étrangère au dualisme homme-nature de la pensée occidentale, qui considère généralement la nature comme une ressource pour les êtres humains, une chose à part que nous pouvons dominer et exploiter, bien que nous dépendions d'elle ».

Les conditions météorologiques extrêmes de cet été démontrent que la crise climatique n'est plus une chose à laquelle nous devons nous préparer – elle est déjà là, parmi nous, et une action décisive, mobilisant toutes les ressources à notre disposition, est depuis longtemps urgente. Pour créer ce que le rédacteur en chef appelle « un avenir vert qui ne laisse personne pour compte », il importe de repenser les objectifs de l'éducation, et notamment d’écouter les systèmes de connaissances indigènes basés sur les communautés et d’en tirer les enseignements.

Bien que la plupart des discussions sur le rôle de l'apprentissage tout au long de la vie dans la création d'un tel avenir se concentrent sur « la nécessité pour les travailleurs de perfectionner leurs  compétences et d’en acquérir de nouvelles afin de se préparer à la transition vers des emplois et une industrie verts », le rédacteur en chef affirme que la crise « exige que nous allions plus loin dans notre éducation et que nous réfléchissions de manière beaucoup plus ambitieuse à son objectif ». Une utilisation plus efficace et transformatrice de l'apprentissage tout au long de la vie, poursuit-il, « consisterait à nourrir une réflexion critique sur nos hypothèses concernant l'avenir et à créer des espaces propices à l'espoir et dans lesquels des avenirs différents peuvent être imaginés et mis en œuvre ».

Les six contributions à ce numéro explorent des exemples de pratiques éducatives, de pédagogie et de développement de programmes qui remettent en question certaines des hypothèses traditionnelles encadrant les systèmes et les approches éducatives, et proposent des recommandations concrètes pour le changement, en mettant particulièrement l'accent sur le développement durable et la qualité.

Les articles portent sur : les avantages potentiels de l'apprentissage cognitif, socio-émotionnel et comportemental pour l'éducation à la citoyenneté mondiale et l'éducation au développement durable ; les efforts des établissements d'enseignement supérieur pour intégrer les objectifs et les cibles du Programme de développement durable à l’horizon 2030 dans leurs structures et leurs activités (une analyse des rapports d'avancement préparés par les signataires des Principes pour une éducation à la gestion responsable des Nations unies) ; l'alphabétisation des adultes dans le contexte du Programme de développement durable 2030 (avec une référence particulière à la Tanzanie) ; l’analyse des résultats des programmes non formels d’équivalence primaire (une étude de cas au Cambodge) ; le développement professionnel initial et continu des éducateurs d'adultes (une perspective européenne) ; et l'impact de la formation en alternance sur le développement des compétences, le transfert de compétences et la performance professionnelle dans le secteur de l'artisanat (une étude menée au Bénin).

Ces articles soulignent, entre autres, le manque d'ambition qui a caractérisé une grande partie de la réflexion politique sur l'apprentissage tout au long de la vie au cours des dernières décennies. L'éducation des adultes a été reconceptualisée en termes de développement du capital humain et évaluée en fonction de ses résultats économiques, dont le principal est la création et le maintien d'une réserve de travailleurs aptes à l'emploi et disposés à se former et à se recycler tout au long de leur vie pour soutenir la croissance économique.

« L'apprentissage tout au long de la vie en est arrivé à être considéré par les décideurs politiques comme un simple moyen de reproduction socio-économique », affirme le rédacteur en chef dans sa conclusion. En tant que tel, il est mal équipé pour transformer l'avenir et pourrait être tenu pour un obstacle au renouvellement nécessaire de nos relations les uns avec les autres et avec le monde naturel, contribuant ainsi à un développement non durable. » Pour soutenir le type de changement décrit par la Commission internationale sur Les futurs de l'éducation et selon la vision énoncée par le Sommet des Nations Unies sur la transformation de l'éducation, « [l'apprentissage tout au long de la vie] doit être recadré en termes d'action collective et d'autonomisation des individus et des communautés. Il devrait soutenir le dialogue, l'engagement démocratique et la pensée critique, et reconnaître la nécessité pour les individus de rééquilibrer leurs relations les uns avec les autres et avec leur environnement naturel ».

Nouveau numéro de la Revue internationale de l'éducation – Annales de l’apprentissage tout au long de la vie (IRE)