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L'UNESCO appelle les pays à ouvrir le dialogue sur la pertinence et les implications des technologies d'ingénierie climatique

L'ingénierie climatique, c'est l’ensemble des méthodes et technologies visant à modifier délibérément le système climatique afin d'atténuer les effets du changement climatique.
Climate engineering photo

Les climatologues confirment que juillet 2023 a été le mois le plus chaud jamais sur terre. La vitesse actuelle du réchauffement climatique incite fortement à envisager toutes les options disponibles pour contrer l'effet de réchauffement dû aux gaz à effet de serre, y compris les plus incertaines telle que l'ingénierie climatique.

Bien que ces technologies, généralement classées dans les catégories « Modification du Rayonnement Solaire » (MRS) ou « Elimination du Dioxyde de Carbone » (EDC), aient le potentiel de stabiliser et de réduire les températures mondiales, celles-ci soulèvent des questions et des préoccupations éthiques fondamentales. Des rapports récemment publiés par des institutions, comme la Commission européenne, le PNUE et la Maison Blanche des États-Unis, soulignent le manque de recherche sur l’impact environnemental de ces technologies, ainsi que l'absence actuelle de gouvernance, ce qui pourrait conduire à de potentielles tensions géopolitiques, des implications en matière de droits de l'homme ainsi qu’à une répartition inégale des dommages et de bienfaits entre les sociétés.

De plus, ces rapports accentuent le fait que la recherche en ingénierie climatique est actuellement dominée par les pays industrialisés, et mettent en avant la crainte que ce manque de diversité géographique et démographique ne nuise à la légitimité et à la confiance en la société et n'aggrave la polarisation entre les pays développés et les pays les moins avancés.

L'interconnexion signifie que les problèmes mondiaux nécessitent des solutions mondiales. L'ingénierie climatique est l'une de ces solutions mondiales. Toutefois, son développement doit se fonder sur des directions éthiques claires et sur une évaluation approfondie des implications éthiques, sociales et culturelles de ces technologies. Cela est essentiel afin de garantir une prise de décision inclusive dans ce domaine et de ne laisser personne de côté.

Gabriela Ramos, Sous-Directrice générale pour les Sciences sociales et humaines de l'UNESCO

Le 19 septembre 2023, le Secteur des Sciences Sociales et Humaines de l'UNESCO a organisé un Panel de haut niveau sur « L'Éthique et la Gouvernance de l'Ingénierie Climatique » au Siège de l'UNESCO à Paris. L'événement a mis en évidence la nécessité pour les pays de participer à un dialogue ouvert et inclusif concernant la pertinence et les implications de l'ingénierie climatique. 

Le Panel de haut niveau était modéré par Gabriela Ramos, Sous-Directrice générale de l'UNESCO pour les Sciences Sociales et Humaines. Il réunissait des décideurs et des experts de premier plan en matière d'ingénierie climatique, notamment Pascal Lamy, Président de la Commission mondiale sur la réduction des risques climatiques liés au dépassement (« Cimate Overshoot Commission »), Janos Pasztor, Directeur exécutif de la Carnegie Climate Governance Initiative (C2G), Claire Bulger, Directrice de la stratégie prospective à la Fondation Européenne pour le Climat, et Peter-Paul Verbeek, Président de la Commission mondiale d'éthique des connaissances scientifiques et des technologies (COMEST).

D'une part, nous ne devons négliger aucune piste, car le problème est vaste et urgent. D'autre part, ces techniques peuvent entraîner des conséquences inattendues, par exemple en refroidissant certaines régions de la planète et en en réchauffant d'autres, ce qui serait une catastrophe. La dimension éthique doit être prise en compte. La géo-ingénierie du climat représente l'une des potentielles options de dernier recours. [La priorité devrait être] d'arrêter les émissions et de s'adapter lorsque nous ne pouvons pas réduire [les émissions] assez rapidement afin d’en prévenir les dommage.

Pascal Lamy

Le Panel a également été l'occasion de faire le pré-lancement du rapport de la COMEST sur "L'Éthique de l'Ingénierie Climatique", qui souligne la nécessité d’instaurer une réflexion sur l'impact culturel, social et éthique de l'ingénierie climatique. En accord avec la recommandation de la COMEST établie dans son rapport, l'UNESCO se positionne afin de devenir le lieu d'encadrement de ces dialogues à travers des tables rondes, en particulier entre les pays qui possèdent et développent ces technologies et les pays du Sud. 

Organisé dans le cadre des célébrations de l'anniversaire des organes consultatifs de l'UNESCO en matière d'éthique - la Commission mondiale d'éthique des connaissances scientifiques et des technologies (COMEST), le Comité intergouvernemental de bioéthique (CIGB) et le Comité international de bioéthique (CIB) - le Panel a réuni des experts, des organisations des Nations Unies, des représentants des États membres et de la société civile.