Visions pour l’éducation

Depuis sa fondation il y a 75 ans de cela, l’UNESCO a, à différents moments clés marqués par une transformation de la société, commandé des rapports repensant le rôle de l’éducation sur la base des principes fondamentaux de sa Constitution.

La vision de l’UNESCO pour l’éducation

La vision de l’UNESCO pour l’éducation est inscrite dans sa Constitution

L’UNESCO est déterminée à assurer « le plein et égal accès à l’éducation, la libre poursuite de la vérité objective et le libre échange des idées et des connaissances ».

Constitution de l’UNESCO de 1945

 

 

 

 

UNESCO visioning for education
Un moment charnière

Le premier des exercices de visualisation de l’UNESCO a eu lieu au début des années 1970, dans un contexte de grands bouleversements économiques, politiques et sociaux. La période était marquée par la dynamique de la guerre froide, qui divisait le monde en trois blocs principaux (l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord, le Traité de Varsovie et le Mouvement des pays non alignés). Dans ce contexte, de nombreux pays cherchaient à obtenir leur indépendance vis-à-vis des pouvoirs coloniaux, tandis que d’autres subissaient des gouvernements totalitaires. Au niveau économique, la période de prospérité qui avait suivi la Seconde Guerre mondiale laissait place à de nouveaux modèles, tandis que la volatilité des prix du pétrole entraînait une crise mondiale. Les mouvements sociaux, notamment le féminisme, les droits civiques et un mouvement écologique naissant continuaient de se diffuser dans la société. Sur le plan technologique, la radio, désormais accessible partout, et le premier microprocesseur produit à l’échelle commerciale commençaient à révolutionner la communication.

Visioning education 1970
Learning to Be: the world of education today and tomorrow (1972)

La Commission internationale sur le développement de l’éducation, présidée par Edgar Faure, un ancien Premier ministre français, a été créée en 1971. Sa mission était de réfléchir aux stratégies éducatives à l’échelle internationale. Son rapport intitulé Apprendre à être (souvent appelé « Rapport Faure »), publié en 1972, mettait en garde contre « le spectacle pénible de graves inégalités » dont il pouvait résulter « un risque essentiel de déshumanisation ». Il soulignait la nécessité d’une expansion continue de l’éducation et d’une « cité éducative » ainsi que l’importance de l’éducation tout au long de la vie.  

« Si apprendre est l’affaire de toute une vie à la fois dans sa durée et dans sa diversité, ainsi que de toute une société, en ce qui concerne tant ses ressources éducatives que ses ressources sociales et économiques, alors il faut aller encore au-delà de la révision nécessaire des “systèmes éducatifs” et penser au plan d’une cité éducative. »

Learning to Be 1972
L’ère de la mondialisation

La période qui suivit la fin de la guerre froide fut marquée par une réorganisation des modèles politiques et économiques. Tandis que de nombreuses régions du monde connaissaient une période de relative prospérité, un mouvement antimondialisation commença à émerger en raison de tensions entre tradition et modernité, local et global. Une attention accrue était portée au multiculturalisme, en particulier dans les centres urbains en pleine croissance. Les avancées en matière de technologies de communication, notamment l’arrivée du World Wide Web et l’expansion de la télévision par satellite, eurent de fortes répercussions sur l’accès à l’information et à la culture. Par ailleurs, les mouvements écologiques gagnèrent en visibilité à l’échelle internationale, en particulier au cours du sommet de la Terre organisé en 1992 à Rio de Janeiro.

Visioning education 1990s
L’éducation : un trésor est caché dedans (1996)

La Commission internationale sur l’éducation pour le vingt et unième siècle, créée en 1993, était présidée par Jacques Delors, un membre français du Parlement européen. Son rapport intitulé L’éducation : un trésor est caché dedans (le « Rapport Delors »), publié en 1996, mettait en avant « l’utopie nécessaire » de l’éducation comme remède au « sentiment de vertige » provoqué par le fait d’être tiraillé entre la mondialisation et la quête d’une appartenance. Il proposait une vision intégrée de l’éducation, articulée autour de quatre piliers : apprendre à être, apprendre à connaître, apprendre à faire et apprendre à vivre ensemble, le tout dans une perspective englobant toute la vie.

« Tout invite à revaloriser les dimensions éthiques et culturelles de l’éducation et, pour cela, donner les moyens à chacun de comprendre l’autre dans sa particularité et de comprendre le monde dans sa marche chaotique vers une certaine unité. »

Visioning education 1990 delors report
Les Sept savoirs nécessaires à l’éducation du futur (1999)

La Commission du développement durable des Nations Unies, créée en 1992 par l’Assemblée générale des Nations Unies pour garantir un suivi efficace de la Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement (aussi connue sous le nom de « sommet de la Terre »), lança en 1996 le programme international de travail sur l’éducation, la sensibilisation du public et la formation pour le développement durable. L’UNESCO, en vue d’orienter les travaux sur le concept émergent d’éducation au développement durable, demanda alors au philosophe français Edgar Morin d’exprimer ses idées sur l’essence même de l’éducation du futur. L’essai de ce dernier s’articule autour de sept principes clés : 1) détecter les erreurs et les illusions ; 2) les principes d’une connaissance pertinente ; 3) enseigner la condition humaine ; 4) enseigner l’identité terrienne ; 5) affronter les incertitudes ; 6) enseigner la compréhension ; 7) l’éthique du genre humain.

« L’enseignement doit contribuer, non seulement à une prise de conscience de notre Terre-Patrie, mais aussi permettre que cette conscience se traduise en une volonté de réaliser la citoyenneté terrienne. »

Visioning education 1990 morin
Repenser l’éducation : vers un bien commun mondial ? (2015)

L’UNESCO créa dans les années 2010 un Groupe d’experts de haut niveau chargé de réexaminer le « rapport Delors » et de tracer les grandes lignes de l’avenir de l’éducation dans le monde. À cette époque, les objectifs du Millénaire pour le développement touchaient à leur fin et l’agenda pour le développement après 2015 était en cours de discussion. L’UNESCO était bien placée pour prendre la tête des débats, d’autant qu’elle était l’agence technique principale pour le mouvement mondial Éducation pour tous lancé en 1990. Le groupe d’experts était présidé par Mme Amina J. Mohammed, Conseillère spéciale du Secrétaire général de l’ONU pour la planification du développement après 2015 et Assistante du Secrétaire général, et par le professeur W. John Morgan, titulaire de la Chaire UNESCO à l’Université de Nottingham au Royaume-Uni. Il publia un rapport proposant de considérer l’éducation et le savoir comme des biens communs mondiaux afin de concilier la finalité et l’organisation de l’éducation en tant qu’entreprise sociale collective dans un monde en mutation, tout en réaffirmant comme principe fondamental le droit à l’éducation.

Rethinking Education : towards a global common good
Une période de crises complexes

À l’heure actuelle, il y a consensus sur le fait que les humains ont bouleversé le monde naturel d’une manière qui menace le maintien de la vie sur Terre. Les inégalités, déjà profondes, ne cessent de croître. Bien que de plus en plus de personnes s’engagent dans la vie publique, dans de nombreuses régions du monde, la société civile et la démocratie s’effritent. Les progrès technologiques s’enchaînent à toute vitesse et, ce faisant, transforment de nombreux aspects de nos vies. Néanmoins, ces nouvelles technologies n’encouragent pas suffisamment l’équité, l’inclusion et la participation démocratique. Tous ces problèmes complexes et interdépendants ont poussé le Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, Antonio Guterres, à déclarer : « Le choix d’agir ou de rester passifs que nous faisons aujourd’hui conduira soit au délitement, soit, par un sursaut salutaire, à un avenir meilleur, plus vert et plus sûr. C’est à nous de faire ce choix. »

Visioning Education 2020s
Repenser nos futurs ensemble : un nouveau contrat social pour l’éducation (2021)

Repenser nos futurs ensemble : un nouveau contrat social pour l’éducation a été publié en 2021 par la Commission internationale sur Les futurs de l’éducation. Le message principal de cette publication est que « nous devons de toute urgence agir pour changer de cap, car l’avenir de l’humanité dépend de l’avenir de la planète, et l’une comme l’autre est en danger. Le rapport propose un nouveau contrat social pour l’éducation – un contrat qui vise à reconstruire nos relations les uns avec les autres, avec la planète, et avec la technologie ». Document appelé à évoluer et qui présente un cadre, des principes et des recommandations à explorer, à partager et à enrichir partout dans le monde, ce rapport est une étape importante sur la route de l’avenir.

Reimaging Our Futures Together